الأربعاء، 1 مارس 2017

« Le Carême est le temps pour dire non », souligne le pape - La Croix

« Le Carême est le temps pour dire non », souligne le pape - La Croix
2/3/2017-« Le Carême est le temps pour dire non », 

Fidèle à l'antique tradition revivifiée par Jean XXIII, le pape François est allé célébrer l'entrée en Carême, Mercredi des Cendres 1er mars, sur la colline romaine de l'Aventin.

Arrivé à 16 h 30 en l'église Saint-Anselme, il a ensuite, après un bref temps de prière, suivit la traditionnelle procession jusqu'à la basilique Sainte-Sabine, toute proche, où il a présidé la messe des Cendres.

Dans son homélie, François a insisté sur le fait que « le Carême est un chemin » qui « conduit à la victoire de la miséricorde sur tout ce qui cherche à nous écraser ou à nous réduire à quelque chose qui ne convient pas à la dignité des fils de Dieu ».

« L'asphyxie étouffante provoquée par nos égoïsmes »

« Le Carême est la route de l'esclavage à la liberté, de la souffrance à la joie, de la mort à la vie », a-t-il résumé, rappelant que si le geste des cendres rappelle que « nous sommes faits de poussière », celle-ci est « dans les mains amoureuses de Dieu qui souffle son Esprit de vie sur chacun de nous et veut continuer à le faire ».

Dieu, a-t-il développé, « veut continuer à nous donner ce souffle de vie qui nous sauve des autres types de souffle ».

Et le pape de dénoncer « l'asphyxie étouffante provoquée par nos égoïsmes », celle « générée par des ambitions mesquines et des indifférences silencieuses », celle « qui étouffe l'esprit, réduit l'horizon et anesthésie les battements du cœur ».

« Non à la pollution causée par l'indifférence »

Pour François, le Carême est donc « le temps pour dire non » à ces asphyxies.

« Non à l'asphyxie de l'esprit par la pollution causée par l'indifférence, par la négligence à penser que la vie de l'autre ne me regarde pas, par toute tentative de banaliser la vie, spécialement celle de ceux qui portent dans leur chair le poids de tant de superficialité », a-t-il commencé, alors que le suicide assisté, en Suisse, d'un célèbre DJ italien tétraplégique vient de relancer le débat sur l'euthanasie en Italie.

« L'asphyxie d'une prière qui nous tranquillise la conscience »

Le pape a ensuite continué en épinglant « la pollution intoxicante des paroles vides et qui n'ont pas de sens, de la critique grossière et rapide, des analyses simplistes qui ne réussissent pas à embrasser la complexité des problèmes humains, spécialement les problèmes de tous ceux qui souffrent le plus », avant de dénoncer « l'asphyxie d'une prière qui nous tranquillise la conscience, d'une aumône qui nous rend satisfaits, d'un jeûne qui nous fait nous sentir bien » puis « l'asphyxie qui naît des intimismes qui excluent, qui veulent arriver à Dieu en esquivant les plaies du Christ présentes dans les plaies des frères : ces spiritualités qui réduisent la foi à une culture de ghetto et d'exclusion ».

« Le Carême est le temps pour recommencer à respirer »

Sans référence explicite aux critiques de certains cardinaux contre Amoris laetitia ou à ceux qui, dans la Curie, le juge trop enclin à la miséricorde envers les pêcheurs, le pape a souligné que le Carême est « le temps de la mémoire », celui « pour penser et nous demander : qu'en serait-il de nous si Dieu nous avait fermé la porte. Qu'en serait-il de nous sans sa miséricorde qui ne s'est pas lassée de pardonner et qui nous a toujours donné l'occasion de recommencer ? »

« Le Carême est le temps pour recommencer à respirer, c'est le temps pour ouvrir le cœur au souffle de l'Unique capable de transformer notre poussière en humanité », a-t-il conclu.

السبت، 11 فبراير 2017

Le pape François face à ses ennemis

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Trois ouvrages viennent éclairer les fortes oppositions auxquelles le pape argentin est confronté dans son action.


• Ce pape qui dérange, de Virginie Riva, Éditions de l’Atelier, 174 p., 16 euros
• François seul contre tous, d’Arnaud Bédat, Flammarion, 320 p., 20 euros
• François dans la tempête, de Jean-Louis de La Vaissière, Salvator, 220 p., 19,50 euros
Dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 février, des affiches hostiles au pape François ont fleuri dans Rome. Une première dans le pontificat. « Un signe que ce pape dérange », note la journaliste Virginie Riva, en référence au titre du livre qu’elle vient de publier.
Avec pédagogie, la correspondante d’Europe 1 à Rome y détaille les multiples chantiers auxquels François s’est attaqué depuis son élection en 2013 : famille et morale, finances vaticanes, économie mondialisée, lutte contre la pédophilie, gouvernement de l’Église.
Autant de dossiers que le pape argentin a pris à bras le corps, cassant bien des habitudes au Vatican et créant, aussi, autant d’incompréhensions et de rancœurs. Car le pape souriant et affectueux en public peut aussi se montrer « autoritaire, cassant, parfois blessant » et dévoiler des « méthodes expéditives » face à ceux qui lui résistent ; au Vatican, « les placardisés ressassent leurs envies de vengeance », relève Arnaud Bédat.
Avec un art consommé du récit, ce journaliste suisse décrit les multiples puissances auxquelles, en presque quatre ans, François s’est attaqué dans l’Église, mais aussi en dehors. Que ce soit les puissances d’argent ou les mafias, certains pourraient même aller jusqu’à menacer physiquement le pape, souligne même Arnaud Bédat qui, en bon Suisse, à ses entrées dans les services de sécurité papaux.
« Le pape n’est pas une figure bonasse qui se contenterait de paroles inoffensives, rappelle de son côté l’ancien vaticaniste de l’AFP Jean-Louis de La Vaissière dans François dans la tempête. Chaque jour, il rend furieux ceux dont il contrecarre les ambitions mauvaises, car ses appels font se lever le jeune curé dans le bidonville, le député au parlement, tel cadre supérieur dans sa multinationale.
Certains dorment moins tranquilles et préparent leurs défenses contre le trouble-fête : des vendeurs d’armes aux exploitants de minéraux rares ; des sociétés qui rejettent leurs déchets chez les pauvres aux ultralibéraux qui dérégulent à tour de bras ; des sociétés immobilières qui exproprient les pauvres à ceux qui font travailler les femmes et les enfants. »
Certes, François en a vu d’autres. Excellent connaisseur des années portènes de Jorge Mario Bergoglio, Arnaud Bédat montre bien comment ses batailles argentines ont été le terreau des combats actuels du pape. Mais il souligne aussi combien les ennemis d’aujourd’hui commencent à s’organiser.
« Les opposants, dans son troupeau de fidèles, sont plutôt minoritaires, mais ils sont très actifs et ne baissent pas la garde », écrit-il, rappelant l’estimation du vaticaniste italien Marco Politi : « 20 % de la Curie est pro-Bergoglio, 10 % totalement contre lui, et les 70 % restants, légitimistes, qui n’en pensent pas beaucoup de bien, attendent le prochain pape. »
À la lecture de ces trois ouvrages, il apparaît que l’enjeu de de la seconde partie du pontificat – sera l’image. À cet égard, les récentes affiches contre lui ne sont pas anodines. « Le décalage est souvent important entre l’image du pape François véhiculée par les médias et la réalité des attaques lancées contre lui en Italie, insiste Virginie Riva.
Difficile d’imaginer ce qu’il se murmure à la sortie de la messe, dans les ambassades, les palais et résidences du Vatican. » Or, de la Ville éternelle, cette guerre de communication, se déplace désormais au monde entier où certains catholiques s’inquiètent de l’action de François.
Après cinq années à Rome, Jean-Louis de La Vaissière est maintenant responsable de l’AFP à Rennes. Ce changement de perspective lui a fait voir la « colère » et l’« inquiétude rentrées » du « petit troupeau des croyants occidentaux ».
« Les curés doivent passer une partie de leur temps à expliquer et à tenter de répondre à leurs angoisses, à leurs peurs d’être abandonnés dans leur lutte contre le “laxisme” et la “décadence”, et d’être moins soutenus que par Jean-Paul II et Benoît XVI, constate-t-il.
Il arrive, dans les cercles catholiques, que le nom du pape François soit omis, avec une sorte de mépris. Il est parfois critiqué ouvertement comme celui qui sème la confusion. Certains se taisent, d’autres font mines d’obéir. »
Voyant combien « le contexte est tendu, notamment en France » où, sur les réseaux sociaux, « le pape est pris à partie par les uns et les autres », l’ancien vaticaniste ne peut que constater « un immense quiproquo et beaucoup d’envie et de frustrations ».
« François, en véritable prophète, met toutes ses forces à communiquer avec un talent inouï un message de dignité et d’inclusion, explique-t-il. Au même moment, des combats d’arrière-garde se livrent en coulisse autour des textes, des mots et contre son action. »
« L’esprit pape François peut-il perdurer au-delà de son pontificat ? (…) Comment porter le changement au-delà de son pontificat ? », s’interroge in fine Virginie Riva. Alors que François vient de fêter ses 80 ans et qu’il n’a pas, pour l’instant, obtenu la « légitimation » du changement qu’il a impulsé par ses gestes et symboles forts, le temps est bien, aujourd’hui, le facteur décisif.

Nicolas Senèze
http://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Le-pape-Francois-face-a-ses-ennemis-2017-02-09-120082351

الاثنين، 9 يناير 2017

Le pape François appelle à « construire des sociétés ouvertes et accueillantes » - La Croix

Le pape François appelle à « construire des sociétés ouvertes et accueillantes » - La Croix

Le pape François a prononcé, lundi 9 janvier, son traditionnel discours de vœux au corps diplomatique.


Dénonçant à nouveau le « terrorisme de matrice fondamentaliste », il a appelé les États à renoncer à la violence, à intégrer les migrants et à promouvoir le développement intégral de l'homme.

Le pape François lors de son discours devant les ambassadeurs accrédités au Vatican, le 9 janvier.
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Le pape François lors de son discours devant les ambassadeurs accrédités au Vatican, le 9 janvier. / AP

Chaque année, le discours du pape au corps diplomatique est l'occasion pour celui-ci d'un vaste tour d'horizon de la situation politique et diplomatique du monde. Un peu comme les présidents américains avec leur « discours sur l'état de l'Union », véritable déclaration annuelle de politique générale. Et c'est bien à un « discours sur l'état du monde » que le pape François s'est livré, lundi 9 janvier, devant les 182 ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège réunis dans la salle Royale du Vatican.

Retrouvez ici l'intégralité du discours

Soulignant une fois encore combien le monde a soif « de la sécurité et de la paix », François a mis en regard la situation actuelle avec le « massacre inutile », dénoncé il y a tout juste un siècle par son prédécesseur Benoît XV en pleine Première Guerre mondiale. Pointant « le terrorisme de matrice fondamentaliste », il a repris la longue litanie des attentats commis en 2016. « Des gestes vils », a-t-il dénoncé.

À Lire Des diplomates réagissent au discours du pape

Conscient que « l'expérience religieuse, au lieu d'ouvrir aux autres, peut parfois être utilisée comme prétexte de fermetures, de marginalisations et de violences », il a de nouveau dénoncé « une folie homicide qui abuse du nom de Dieu pour semer la mort, dans la tentative d'affirmer une volonté de domination et de pouvoir ». Et appelé « toutes les autorités religieuses » à s'unir « pour rappeler avec force qu'on ne peut jamais tuer au nom de Dieu ».

« Renoncer à la violence dans la défense de ses propres droits »

En même temps, tout en relevant que « le terrorisme fondamentaliste est un fruit d'une grave misère spirituelle », il n'a pas voulu évacuer le lien avec « une grande pauvreté sociale ». Et si les responsables religieux doivent « transmettre des valeurs religieuses qui n'admettent pas d'opposition entre la crainte de Dieu et l'amour pour le prochain », il a aussi demandé des politiques sociales adaptées en vue de combattre la pauvreté, qui ne peuvent pas se séparer d'une « valorisation sincère de la famille » pour « éviter que se forment ces conditions qui deviennent un terrain fertile pour le déferlement des fondamentalismes ».

À lire aussi : 2017, une année de consolidation pour le pape François

Plus largement, dans la ligne de son message du 1er janvier sur la non-violence, le pape a appelé les responsables politiques « à se faire de véritables promoteurs et artisans de paix ». Édifier la paix implique « de renoncer à la violence dans la défense de ses propres droits », a-t-il insisté, appelant, par exemple, à « construire des sociétés ouvertes et accueillantes envers les étrangers et, en même temps, sûres et en paix à l'intérieur ».

Réitérant « le droit de tout homme (…) à immigrer dans une autre communauté politique et à s'y fixer », il a rappelé que, si les immigrés ne doivent pas voir « leur sécurité, leur identité culturelle et leurs équilibres sociopolitiques menacés », ils ont aussi « le devoir de respecter les lois, la culture et les traditions des pays dans lesquels ils sont accueillis ». « Je suis reconnaissant aux nombreux pays qui, avec générosité, accueillent ceux qui sont dans le besoin », a-t-il insisté, citant nommément « l'Italie, l'Allemagne, la Grèce et la Suède ».

« Le déplorable commerce des armes »

Revenant sur la « prudence » évoquée dans l'avion, à son retour de Suède, pour s'exonérer de tout accueil, il a rappelé qu'« une démarche prudente de la part des autorités publiques ne comprend pas la mise en œuvre de politiques de fermeture envers les migrants, mais implique d'évaluer avec sagesse et prévoyance jusqu'à quel point leur pays est en mesure d'offrir une vie décente aux migrants ». « Une véritable paix ne pourra jamais advenir tant qu'il y aura même un seul être humain violé dans son identité personnelle et réduit à être un simple numéro statistique ou un objet d'intérêt économique », a martelé François qui a aussi appelé l'Europe à plus d'unité.

A lire également : Le nouveau visage de la Curie de François

Plaidant pour un développement qui crée « les conditions d'une distribution plus égale des ressources et en stimulant les opportunités de travail », le pape a aussi répété sa demande d'« éradiquer le déplorable commerce des armes », y compris celles de petit calibre dont la facilité d'accès « produit un sentiment diffus et général d'insécurité et de peur ».

Sur ce sujet, le pape a brocardé les « idéologies » qui, « se déguisant en porteuses de bien pour le peuple », utilisent « les difficultés sociales pour attiser le mépris et la haine » et voient « l'autre comme un ennemi à anéantir ». Et de mettre en garde : « Elles laissent au contraire derrière elles pauvreté, divisions, tensions sociales, souffrance et souvent aussi, la mort. »

Nicolas Senèze



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الجمعة، 16 ديسمبر 2016

Syrie, le Vatican essaye de rester au-dessus de la mêlée - La Croix

Syrie, le Vatican essaye de rester au-dessus de la mêlée - La Croix

Syrie, le Vatican essaye de rester au-dessus de la mêlée

Le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie, a remis en début de semaine au président syrien Bachar al Assad une lettre du pape demandant le respect du droit humanitaire

Quelle est la position du Saint-Siège en Syrie ?

Pour le Saint-Siège, la lettre envoyée par le pape au président Bachar al Assad – qui ne devait pas être divulguée – ne signifie pas que le pape pencherait d'un côté ou de l'autre dans le conflit. « Le pape ne prend pas parti, il invite chacun à sortir de la violence et de la guerre », souligne-t-on au Vatican qui ne cesse de rappeler la présence des populations civiles au milieu des combats. « Alep est une ville où il y a des gens : des familles, des enfants, des personnes âgées et malades », insistait le pape, dimanche 11 décembre à l'angélus.

Au Vatican, on rappelle aussi que, si François écrit à Bachar al Assad pour demander la fin de la violence, la protection des populations civiles et le respect du droit international, il tient le même discours à toutes les parties, condamnant l'extrémisme et le terrorisme de quelque côté qu'ils viennent. « La violence amène toujours plus de violence, toujours plus d'extrémisme », insiste-t-on, soulignant que, à côté du conflit entre le gouvernement et l'opposition, il y a celui, bien plus crucial, avec Daech.

Quels sont les résultats de sa diplomatie ?

La veillée de prière pour la paix du 7 septembre 2013 est encore dans les esprits. Dans une rare offensive diplomatique et spirituelle, le Vatican avait alors contribué à disqualifier le scénario d'une intervention occidentale en Syrie. Aujourd'hui, la répétition des appels du pape en faveur de la paix semble proportionnelle à son impuissance. « Nous avons bien conscience que les résultats ne sont pas immédiats, reconnaît-on. Mais on ne peut se taire sur la dramatique situation humanitaire. »

Conscient qu'il ne peut « contraindre le cœur des décideurs », le Saint-Siège souligne aussi qu'il n'a pas, dans ce conflit, d'autre intérêt que le dialogue. « La photo diffusée par le régime montrant Bachar al Assad lisant la lettre du pape souligne aussi qu'il a reçu le message du Saint-Père et n'est pas fermé au dialogue », relève un diplomate occidental à Rome.

Que peut-il faire de plus ?

« Le Saint-Siège n'a pas la force des armes, seulement de la parole », résume-t-on au Vatican où la priorité est d'arrêter les combats pour répondre à la crise humanitaire.

On y souligne aussi la place des chrétiens syriens, rappelant l'« harmonie » qui existait avant le conflit – quitte à oublier qu'elle était un peu forcée par un régime policier. Regardant vers la reconstruction, Rome veut croire au rôle de « pont » des chrétiens dans la future Syrie, même si nombre d'entre eux se sont compromis avec le régime.

« L'Église est très engagée à travers son action caritative, insiste-t-on. Aujourd'hui, à Alep, l'urgence est de remettre en état les hôpitaux chrétiens, au service de toute la population. »

Nicolas Senèze, à Rome



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Devant de nouveaux ambassadeurs, le pape exhorte les responsables politiques à la non-violence - La Croix

Devant de nouveaux ambassadeurs, le pape exhorte les responsables politiques à la non-violence - La Croix
Devant de nouveaux ambassadeurs, le pape exhorte les responsables politiques à la non-violence

Le pape François a reçu jeudi matin 15 décembre les lettres de créances de six nouveaux ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, dont trois Africains : la Tunisie, Maurice et le Burundi, pays marqué ces derniers mois par une particulière violence, l'Église catholique étant elle-même menacée.

> Lire aussi : Menaces sur l'Église catholique au Burundi

Dans son discours, le pape s'est d'ailleurs attaché à cette question de la violence, revenant sur son récent message pour la Journée mondiale de prière pour la paix, célébrée le 1er janvier prochain, où il avait longuement développé le thème de la non-violence.

> Lire aussi : Le pape propose au monde une éthique de la non-violence

« Le choix de la non-violence comme mode de vie devient de plus en plus une exigence de responsabilité à tous les niveaux, de l'éducation familiale à l'engagement social et civil, et jusqu'à l'activité politique et les relations internationales », a souligné le pape pour qui, « il s'agit, en toutes circonstances, de rejeter la violence comme méthode de résolution des conflits, et de les traiter, cependant, toujours par le dialogue et la négociation ».

Le pape a notamment appelé les responsables nationaux et internationaux « à assumer en conscience et dans l'exercice de leurs fonctions un style non-violent, qui n'est pas synonyme de faiblesse ou de passivité, mais, au contraire, suppose force d'âme, courage et capacité d'affronter les problèmes et les conflits avec honnêteté intellectuelle, cherchant vraiment le bien commun avant tout intérêt partisan, qu'il soit idéologique, économique ou politique ».

Un XXe siècle, « funeste de guerres et de génocides aux proportions inédites »

Rappelant les figures de non-violence du XXe siècle, « funeste de guerres et de génocides aux proportions inédites », le pape a insisté sur le fait que la non-violence était « la voie à suivre dans le présent et dans l'avenir », et non « un chemin de paix proclamée en paroles mais niée dans les faits par la poursuite de stratégies de domination, soutenue par les scandaleuses dépenses d'armement, alors que beaucoup de gens sont privés du nécessaire pour vivre ».

Le pape François recevait six nouveaux ambassadeurs accrédités au Saint-Siège : Cecilia Björner (Suède), Jikoto Tikolevu (Fidji), Vitalie Rusu (Moldavie), et trois ambassadeurs africains : Girish Nunkoo (Maurice), Mourad Bourhela (Tunisie) et Else Nizigama Ntamagiro (Burundi).

Nicolas Senèze, à Rome

الاثنين، 7 نوفمبر 2016

Le pape François dénonce la « banqueroute de l’humanité »

La Croix- Nicolas Senèze, à Rome, le 06/11/2016 à 9h51 
Mis à jour le 06/11/2016 
Dans un long discours, samedi soir 5 novembre devant les mouvements populaires, le pape François a violemment critiqué le système économique mondial, qualifié de « terroriste » et accusé d’alimenter les peurs.
Le pape François a prononcé, samedi soir 5 novembre devant les 5 000 participants de la troisième rencontre mondiale des mouvements populaires réunie au Vatican, un important discours, critique ferme et sévère du système économique libéral qu’il appelle à réformer.
Après les rencontres de 2014, déjà à Rome et de 2015, à Santa-Cruz de la Sierra (Bolivie), c’est la troisième fois que le pape s’adressait à cette nébuleuse de syndicats, de mouvements paysans, de chiffonniers, de travailleurs précaires, de migrants, d’habitants des quartiers pauvres engagés pour que les exclus soient les protagonistes des changements économiques, politiques et sociaux.
Alors que cette rencontre du Vatican avait pour thème « l’iniquité engendre la violence », François a reconnu qu’« il y a des forces puissantes qui peuvent neutraliser ce processus de maturation d’un changement capable de supplanter la primauté de l’argent et de replacer l’humain au centre ».

« Le fouet de la peur »

« Ce ‘’fil invisible” (…), cette structure injuste qui relie toutes les exclusions dont vous souffrez, qui peut se durcir en fouet, un fouet existentiel, (…) qui asservit, vole la liberté (c’est) l’argent déifié », a constaté le pape dans son long discours de sept pages en espagnol.
Un argent qui « gouverne (…) avec le fouet de la peur, de l’inégalité, de la violence économique, de la violence sociale, culturelle et militaire qui engendre de plus en plus de violence dans une spirale descendante qui semble ne jamais finir », a accusé François.
Le pape a alors réitéré les propos qu’il avait tenus dans l’avion qui le ramenait de Cracovie, le 31 juillet dernier, quand il avait évoqué « le terrorisme de base émanant du contrôle global de l’argent sur la terre et menace l’humanité tout entière ».

« Aucun peuple, aucune religion est terroriste »

« À ce terrorisme basique, s’alimentent les terrorismes dérivés tels que le narco-terrorisme, le terrorisme d’État et ce que certains appellent à tort le terrorisme ethnique ou religieux », a alors expliqué le pape pour qui« aucun peuple, aucune religion est terroriste ».
« Certes, a-t-il continué, il y a de petits groupes fondamentalistes partout. Mais le terrorisme commence quand est rejetée la merveille de la création, l’homme et la femme, et qu’on y met à la place l’argent. »
Reprenant le pape Pie XI, le pape a aussi dénoncé « l’impérialisme de l’argent » qui « met en place une dictature économique mondiale ».

« Tous les murs tombent, ne soyez pas dupes »

« Aucune dictature ne peut se maintenir sans exploiter nos peurs. Et ainsi, toute tyrannie est terroriste », a-t-il alors mis en garde soulignant que, « quand cette terreur, semée dans les périphéries avec des massacres, des pillages, l’oppression et l’injustice, opère dans les centres avec différentes formes de violence, même les attaques haineuses et lâches, les citoyens qui conservent encore certains droits sont tentés par la fausse sécurité des murs physiques ou sociaux ».
« Les murs qui entourent les uns et bannissent les autres. Des citoyens fortifiés, terrifiés, d’un côté ; exclus, exilés, encore plus effrayés, de l’autre. Est-ce la vie que Dieu notre Père veut pour ses enfants ? », a-t-il interrogé, exhortant à ne pas céder à la peur qui, « en plus d’être une bonne affaire pour les marchands d’armes et de mort, nous affaiblit, nous déséquilibre, détruit nos défenses psychologiques et spirituelles, nous anesthésie face à la souffrance de l’autre et nous rend cruel ».
« Tous les murs tombent. Ne soyez pas dupes », a-t-il prévenu, mettant face-à-face le « projet-mur de l’argent » au « projet-pont » défendu par les mouvements populaires, leurs « 3 T », « terre, travail, toit », fondements du développement humain intégral.

« Des murs maculés de sang »

Le pape François a ensuite longuement pris l’exemple des émigrants, réfugiés et déplacés.
« Tant de familles expulsées de leur patrie pour des raisons économiques ou des violences de toutes sortes, des foules bannies – je l’ai dit face aux autorités du monde entier – en raison d’un système socio-économique et de guerres injustes qu’elles n’ont pas cherchées ni crées, qui souffrent du déracinement douloureux de leur terre natale mais encore plus de ceux qui refusent de les recevoir », a décrit François.
Reprenant les mots de l’archevêque Hieronymos d’Athènes, lors de leur voyage commun sur l’île de Lesbos le 16 avril dernier, le pape a évoqué une « banqueroute de l’humanité ».
« Lors de la banqueroute d’une banque, des sommes scandaleuses apparaissent immédiatement pour la sauver, mais quand se produit cette banqueroute de l’humanité, il n’y a pas le millième pour sauver ces frères, a martelé le pape. Et ainsi, la Méditerranée s’est transformée en cimetière, et pas seulement la Méditerranée… Il y a tant de cimetières le long des murs, des murs maculés de sang. »

« Poubelle maquillée pour cacher les déchets du système »

Revenant sur la vertu chrétienne de « prudence » qu’il avait évoquée à son retour de Suède mardi, le pape a alors appelé les États à « prendre les mesures appropriées pour accueillir et intégrer pleinement tous ceux qui, pour une raison ou une autre, cherchent refuge loin de leur domicile ».
Enfin, le pape François a souhaité un renouvellement de la vie démocratique et des mœurs politiques. Il a appelé les mouvements populaires, souvent tentés par l’action politique, à mettre en question les politiques économiques et à changer le système. « Cette idée de politiques sociales conçues comme des politiques vers les pauvres mais jamais avec les pauvres et des pauvres (…), me semble une espèce de poubelle maquillée pour cacher les déchets du système ».

Corruption et austérité

Il a aussi mis en garde contre la corruption, qui n’est pas, selon lui « un vice exclusif de la politique ». « Il y a de la corruption dans la politique, dans les entreprises, dans les médias, dans les Églises et même dans les organisations sociales et les mouvements populaires », a-t-il relevé.
« Face à la tentation de la corruption, il n’y a pas de meilleur antidote que l’austérité », a expliqué le pape qui appelé « à pratiquer l’austérité et, surtout, à prêcher par l’exemple ». « Ne sous-estimez pas la valeur de l’exemple qui a plus de forces que 1 000 paroles, 1 000 tracts, 1 000 like, 1 000 retweets, 1 000 vidéos de YouTube », a-t-il assuré.
Expliquant aux dirigeants cette austérité, « qui les rendra très heureux », le pape a aussi souligné combien « la corruption, l’orgueil, l’exhibitionnisme des dirigeants augmentent l’incrédulité collective, le sentiment d’impuissance et alimentent la peur qui soutient ce système inique ».

« Le fort est celui qui rompt la chaîne du mal »

Face à cette peur, il a donc appelé à « une vie de service, de solidarité et d’humilité en faveur des personnes et en particulier de ceux qui souffrent le plus ».
Alors que les deux principaux candidats à l’élection présidentielle américaine ont pour slogan la force, le pape a conclu en citant un autre Américain, Martin Luther King, qui assurait que « le fort est celui qui rompt la chaîne du mal, la chaîne de la haine ».
Nicolas Senèze, à Rome

الاثنين، 27 يونيو 2016

Le Père Lombardi : "le Pape ne fait pas de croisade" - Radio Vatican

Le Père Lombardi : "le Pape ne fait pas de croisade" - Radio Vatican

Le Père Lombardi : "le Pape ne fait pas de croisade"

Le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège - AP

(RV) « Le Pape ne fait pas de croisades » : déclaration du père Federico Lombardi, lors d'une conférence de presse ce dimanche 26 juin, à Yerevan. Le porte-parole du Saint-Siège réagissait ainsi aux accusations du gouvernement turc, après que le Pape a parlé de « génocide » pour parler des massacres de masse commis par l'Empire ottoman en 1915. « Des propos malheureux », selon le vice-Premier ministre turc, y voyant « une mentalité de croisés ».

Des accusations que réfute le père Lombardi. « Si l'on écoute le Pape,  il n'y a rien (dans ses propos) qui évoque un esprit de croisade. Sa volonté est de construire des ponts au lieu de murs. Son intention réelle est de construire les fondations pour la paix et la réconciliation », a affirmé le directeur du bureau de presse du Saint-Siège, qui a insisté : « François a prié pour la réconciliation de tous, n'a pas prononcé un mot contre le peuple turc. Le Pape ne fait pas de croisades, ne cherche pas à organiser de guerres ».

Lors de sa rencontre avec les autorités arméniennes, vendredi 24 juin, le Pape avait évoqué le « Grand Mal » de 1915, parlant d'une « tragédie », d'un « génocide » rendu possible par « d'aberrantes motivations raciales, idéologiques ou religieuses, qui ont enténébré l'esprit des bourreaux au point qu'ils se sont fixé le dessein d'anéantir des peuples entiers ».

Lors la messe solennelle célébrée le 12 juin 2015, en la Basilique Saint-Pierre, à la mémoire des victimes arméniennes du « Metz Yeghern », le Pape François, citant saint Jean-Paul II, avait déjà parlé de « génocide » pour désigner les massacres commis en 1915. La réaction turque avait été immédiate : Ankara avait ainsi rappelé son ambassadeur près le Saint-Siège pendant près d'une année.

(MA avec AFP)



JTK

الأربعاء، 18 مايو 2016

Islam, Europe, Barbarin : réactions à l’interview du pape François

http://www.la-croix.com/Religion/Pape/Islam-Europe-Barbarin-ils-reagissent-aux-paroles-du-pape-Francois-2016-05-17-1200760759

Islam, Europe, Barbarin : réactions à l’interview du pape François
« Une démission du cardinal Barbarin serait pour le pape « un contresens, une imprudence », dit Mgr Le Gal en réaction à l’entretien que l’évêque de Rome a accordé à La Croix. 
 Une démission du cardinal Barbarin serait pour le pape « un contresens, une imprudence », dit Mgr Le Gal en réaction à l’entretien que l’évêque de Rome a accordé à La Croix.  / Filippo Monteforte/AFP

MIGRANTS « Ce qui est irrationnel, c’est de fermer les portes de l’Europe »

Paul de Montgolfier, directeur du Service jésuite des réfugiés (JRS) en France
« Le pape ne dit pas que l’Europe ne peut pas accueillir tout le monde. Il ne cesse par ailleurs de lui dire d’arrêter de se replier sur elle-même. Le pape dit qu’il ne faut pas que cela se fasse dans l’irrationalité. Que la raison, et non la peur, soit ce qui motive la réflexion. Et accueillir de façon rationnelle c’est, selon moi, mettre en place des couloirs, permettre aux personnes qui fuient des situations invivables de venir se mettre à l’abri le temps qu’il faut. Peut-être cela durera-t-il deux-trois ans, peut-être dix-quinze ans, mais que l’aller-retour soit possible. Les frontières ne sont pas faites pour être des barrières mais pour être des lieux de passage et de communication. Ce qui est irrationnel, c’est de fermer les portes de l’Europe ! Parce que les gens qui se sauvent veulent sauver leurs vies. Et si on leur ferme les portes, ils rentreront par les fenêtres. »

> A lire : Le pape François à « La Croix » : « Il faut intégrer les migrants »

EUROPE « Une Europe aux héritages multiples »

Elisabeth Guigou, présidente (PS) de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale
« J’ai été heureuse de lire ce que le pape François a déclaré au sujet des racines chrétiennes de l’Europe. Bien sûr que ces racines existent, mais elles ne sont pas notre seul héritage religieux ou culturel. C’est pourquoi je déplore l’actuelle tendance au repli de l’Europe. Évidemment, nous devons contrôler davantage nos frontières et assurer notre sécurité vis-à-vis de Daech, mais nous devons aussi encourager la mobilité à l’intérieur de nos frontières et avec nos voisins immédiats, en particulier l’Afrique et le Proche-Orient où une société civile partage nos idéaux de démocratie et de solidarité. La mise en place de « passeports des talents » pour les entreprises, les créateurs ou les artistes, ou encore un Erasmus des associations sont des pistes intéressantes à explorer. »

> A lire : Le pape François à «La Croix» : « Un État doit être laïque »

ISLAM « Ne pas confondre la théologie et l’histoire »

Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux
« Sur la peur ancestrale qu’engendre l’islam, le pape pose un constat auquel je ne peux que souscrire. Ce qui se passe aujourd’hui dans le monde musulman, en Afrique comme au Proche-Orient où l’islam est instrumentalisé à des fins politiques, y compris par des régimes laïques, rend cette peur compréhensible. N’oublions pas toutefois que les musulmans eux-mêmes sont les premières victimes de cette violence. Maintenant, une fois le constat posé, comment l’expliquer ? Si l’islam et le christianisme ont en commun d’être des religions universalistes, comme le pape le rappelle, communiquer sa foi ne signifie pas – ne devrait pas signifier – l’imposer. Mais des principes théologiques à l’histoire, les écarts ont souvent été importants. Et nos représentations de l’islam relèvent plus souvent de l’histoire ou de l’anthropologie que de la religion elle-même. Un vrai travail de discernement s’impose. »

CARDINAL BARBARIN « Le pape n’a pas pris la mesure des choses »

Bertrand Virieux, membre de l’association La Parole libérée, regroupant les victimes du P. Preynat à Lyon.
« Nous avons été stupéfaits et déçus. Nous avons vraiment l’impression que le pape n’a pas pris la mesure des choses. Vu l’énormité de l’affaire Preynat, assez inédite dans l’histoire de l’Église en France – nous avons reçu 67 témoignages de victimes déclarées –, nous sommes étonnés qu’il fasse l’éloge d’un évêque ayant fait une telle erreur d’appréciation et laissé en place le prêtre abuseur. Le pape doit être mal informé ou manquer des éléments pour se faire une idée claire de la situation… Il reste d’ailleurs prudent dans sa formulation. C’est un pape de l’écoute, qui prône la tolérance zéro, mais il n’a pas eu un mot pour les victimes. Nous n’attendons pas de l’Église qu’elle se limite à la seule décision judiciaire française mais qu’elle se situe sur le plan moral. »

« Le pape souhaitait apaiser les esprits »

Mgr Patrick Le Gal, évêque auxiliaire de Lyon
« Une démission du cardinal Barbarin serait pour le pape « un contresens, une imprudence ». Ce serait effectivement un contresens dans la mesure où cela signifierait que l’on ne fait pas confiance au travail de la justice française et qu’on préfère en quelque sorte la court-circuiter ; c’est d’ailleurs ce que suggère le pape dans la suite de son propos. Ce serait sûrement un manque de prudence car cela priverait le diocèse et tous ses fidèles de leur pasteur ; dans les décennies passées, on a vu les graves inconvénients pour la vie du diocèse du décès de plusieurs archevêques coup sur coup ; on en voit encore les traces aujourd’hui. Par ailleurs, il me semble que si le pape voulait encourager le cardinal Barbarin, il lui suffisait de prendre son téléphone comme il le fait en bien des occasions. Le choix de La Croix me semble indiquer qu’il souhaitait s’adresser de manière privilégiée aux catholiques pour apaiser les esprits en redisant à la fois sa plus grande fermeté face aux agressions sexuelles sur des mineurs et sa confiance dans le travail pastoral du cardinal. »

ENGAGEMENT DES LAÏCS « Renoncer à toute revendication communautariste »

François-Xavier Bellamy, professeur de philosophie et adjoint au maire de Versailles (Yvelines)
« Au sujet de l’implication des chrétiens dans la société, le pape François nous dit deux choses très belles et d’une grande fécondité. Il invite tout d’abord à cultiver les racines chrétiennes de l’Europe, qui sont réelles et objectives, non pas pour se l’approprier mais bien pour la servir, en renonçant à toute revendication communautariste. Deuxièmement, il dénonce à nouveau avec force le cléricalisme. Tout chrétien est appelé à s’engager, y compris sur le terrain politique, avec sa rationalité, là encore sans communautarisme, pour établir un dialogue avec son contemporain au-delà des étiquettes. Ce message est très important à l’heure de la refondation de l’engagement politique des chrétiens, pour le bien commun. »
Service Religion La Croix

الأربعاء، 24 فبراير 2016


Expéditeur: Vatican Information Service - Français <visnews_fr@mlists.vatican.va>
Date: 24 février 2016 15:16:12 UTC+2

Face au pouvoir, la miséricorde

Cité du Vatican, 24 février 2016 (VIS). Ce matin, au cours de l'audience générale, Place St.Pierre (20.000 personnes), le Saint-Père a consacré sa catéchèse à l'arrogance des puissants, qui apparaît souvent dans la Bible, opposée à la miséricorde divine. Or, a-t-il dit, "la richesse et la puissance peuvent être bonnes et utiles au bien commun si elles sont mises au service des pauvres et de la collectivité, de la justice et de la charité. Mais, comme cela arrive trop souvent, elles sont vues comme un privilège, mises au service de l'égoïsme, utilisées comme des instruments d'arrogance, de corruption et de mort''. Et de citer pour exemple le récit de la vigne de Naboth. Le roi Achab voulait l'acheter car elle jouxtait son palais, mais en Israël la terre était considérée sacrée et inaliénable car appartenant à Dieu, une bénédiction qu'il convenait de transmettre de génération en génération. Achab fut furieux car il vit dans ce refus une offense à son pouvoir, une atteinte à son autorité. Sa femme, Jézabel, une idolâtre et ennemie des prophètes, qui évoqua la lèse majesté et fit exécuter Naboth, dépouillé de sa vigne au profit du roi.

En évoquant ces faits, Jésus rappelle que les chefs des nations les dominent et les oppriment, disant son espoir que nous soyons différents. Qui veut devenir le premier devra être le serviteur de tous. "Si on perd la dimension du service, le pouvoir devient arrogance, domination et oppression". L'histoire de Naboth est également d'aujourd'hui, où le puissant pour avoir plus d'argent exploite les pauvres, exploite les gens. C'est l'histoire de la traite des êtres humains, l'esclavage des pauvres noirs qui travaillent avec un salaire minimum pour enrichir les puissants. C'est l'histoire des politiciens corrompus qui veulent toujours plus. L'épisode de la vigne de Naboth révèle ce qui finit par se produire "lorsque l'exercice du pouvoir se fait sans le respect pour la vie, sans justice ni miséricorde. Voila où conduit la soif de pouvoir, l'avidité de ceux qui veulent tout posséder''. Reprenant des paroles du prophète Isaïe, le Pape a dit qu'il ''n'était pourtant pas communiste, quand il met en garde contre l'avidité des riches propriétaires terriens, qui les conduit à vouloir toujours plus de maisons et de terres: Malheur à vous qui ajoutez maison à maison et champ à champ, jusqu'à ce qu'il n'y a plus de terrain libre. Ainsi vous restez seuls à habiter le village. Mais Dieu est plus grand que la malignité et la duplicité de l'homme. Dans sa miséricorde, il a envoyé le prophète Elie pour aider Achab à la conversion. Mis devant son péché, le roi...s'humilia et demanda pardon". Mais la culpabilité et le mal commis causent inévitablement des conséquences dans l'histoire. "La miséricorde nous montre la voie à suivre, car elle peut guérir les blessures et changer l'histoire. La miséricorde de Dieu est plus forte que le péché des hommes. Nous reconnaissons son pouvoir quand nous voyons l'innocent, le Fils de Dieu, qui s'est fait homme pour détruire le mal par le pardon. Jésus-Christ est le vrai roi, mais sa puissance est complètement différente. Son trône est la croix. Il est pas un roi qui tue, mais au contraire qui donne la vie. Il va vers tous, en particulier les faibles, chasse leur solitude et les aide à surmonter leur destin de mort auquel mène le péché. Par sa proximité et sa tendresse, il conduit les pécheurs vers la grâce et le pardon''.

الخميس، 18 فبراير 2016

Au Mexique de la violence, le pape donne une leçon de courage - La Croix

Au Mexique de la violence, le pape donne une leçon de courage - La Croix

Au Mexique de la violence, le pape donne une leçon de courage

Dans une homélie prononcée mardi 16 février à Morelia, ville mexicaine décriée pour sa violence, le pape François a demandé aux prêtres et religieux du pays de refuser « la tentation de la résignation », tout comme aux jeunes à qui il s'est employé à redonner confiance

Avant-dernière étape de son voyage au Mexique, dont il doit revenir jeudi, Morelia a accueilli mardi 16 février le pape François avec la même ferveur populaire qu'ailleurs dans le pays. La joie manifeste tout au long des artères empruntées en papamobile, sous un soleil ardent, faisait oublier le climat de violence qui ternit la réputation de cette cité historique de 600 000 habitants, capitale de l'État du Michoacán, au centre du Mexique. Un climat délétère auquel il ne faut pas s'habituer, a prévenu le pape dans l'homélie qu'il a prononcée au cours d'une messe avec les prêtres, religieux, séminaristes et consacrés, célébrée en plein air dans un stade de la ville.

« Ne pas se retrancher dans les sacristies »

« Quelle tentation peut venir de milieux souvent dominés par la violence, la corruption, le trafic de drogue (…) ? Quelle tentation pouvons-nous avoir sans cesse face à cette réalité qui semble devenir un système inamovible ? », a-t-il interrogé, lisant son texte en espagnol, en pesant chaque mot : « La résignation ». Terme récurrent de son homélie.

Le pape a pressé son auditoire religieux de ne pas « (se) retrancher dans (ses) sacristies », ne pas devenir « des fonctionnaires du divin » ou « des employés de Dieu » mais plutôt d'agir avec un « renouvellement du regard ». Une demande qui reprenait celle exprimée aux évêques du pays, samedi à Mexico, et qui s'inscrit dans l'appel constant du pape François à mettre son Église en mouvement.

Pour que son auditoire puise des forces inspiratrices, Jorge Bergoglio ravive la mémoire de l'Église au Mexique. À Morelia, il a évoqué la figure historique d'un évangélisateur de la région, au XVIe siècle, Vasco Vasquez de Quiroga. Il était surnommé « Tata Vasco » en langue indigène, tant il était apprécié par cette communauté. C'est à cette même proximité avec le peuple et ouverture aux réalités de sa précarité et de ses souffrances que l'ancien archevêque de Buenos Aires ne cesse d'exhorter.

« Jésus ne nous invite jamais à être des tueurs à gage »

Même antidote contre la résignation donnée aux 60 000 jeunes venus de tout le pays pour une rencontre dans un autre stade, plus vaste, de Morelia l'après-midi. Plus de 28 % de la population du Mexique a moins de 15 ans. Entouré de tribunes à l'ambiance surchauffée, digne d'un match de football, d'où les jeunes criaient leur soutien à « Francisco », leur « frère », celui-ci a cherché à leur redonner confiance en eux-mêmes, se montrant d'abord compréhensifs devant la fragilité de leur situation.

« Il devient difficile de sentir qu'on est une richesse quand nous voyons des amis ou des proches continuellement exposés à se perdre à cause du narcotrafic, des drogues, des organisations criminelles qui sèment la terreur », a-t-il reconnu. Il leur a toutefois fait valoir cette « richesse » propre qu'ils incarnent pour les prévenir de devenir de « simples mercenaires des ambitions d'autrui ». « Jésus ne nous invite jamais à être des tueurs à gage mais il nous appelle disciples », leur a-t-il lancé. Une phrase-choc dans un pays meurtri par les homicides.

Sébastien Maillard (à Morelia)



JTK