La culture de la rencontre, caractéristique du pape
Bilan 2014 du P. Lombardi
Anne Kurian
ROME, 30 décembre 2014 (Zenit.org) - Le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, évoque les caractéristiques de l'année 2014 du pape François, dans son bilan de fin d'année au micro de Radio Vatican. Parmi ces caractéristiques : « la culture de la rencontre ».
« Il y un mot du pape, au fil du temps, que j'arrive de plus en plus à comprendre, et qui a un sens crucial : la "culture de la rencontre" », déclare-t-il : « Le pape François a vraiment une attitude, une façon à lui d'être en relation avec les autres : il met profondément en jeu sa vie et tout son être, pour que son interlocuteur se mette lui aussi en jeu… le pape a une approche à la fois très personnelle et fascinante, une capacité bien à lui à aller au cœur de l'autre et à l'inviter à se mettre en marche pour le bien de l'humanité ».
Cette rencontre « profonde » avec l'autre peut en effet « déclencher de nouveaux dialogues qui sont peut-être restés bloqués, lorsque le niveau des relations était plus superficiel ou formel », explique-t-il en citant les relations du pape avec le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomaios et son rôle dans les relations entre les Etats-Unis et Cuba.
Finalement, « derrière l'expression "culture de la rencontre", je trouve une manière structurée d'aller vers l'autre – sous de nombreuses formes : religieuse, spirituelle, œcuménique ou politique – qui fait la caractéristique de ce pontificat », ajoute-t-il.
Cette culture de la rencontre se joue aussi au niveau « des pauvres et des périphéries, de toutes les personnes qui souffrent », que le pape « évoque continuellement » : « En 2014 la situation absolument dramatique au Moyen Orient est sans arrêt revenue dans les appels, dans les attentions du pape ».
D'autres thèmes également reviennent fréquemment comme la lutte contre les nouvelles formes d'esclavage : « le pape a fait sienne une mobilisation de l'Eglise, des personnes de bonne volonté, sur ces frontières », souligne le P. Lombardi.
Des centaines de millions d'euros ont refait surface dans les caisses du Vatican. Cette divine surprise a été révélée par le cardinal australien George Pell, « ministre » de l'Economie du Saint-Siège, dans une tribune au magazine britannique Catholic Herald publiée le vendredi 5 décembre 2014. AFP PHOTO / GABRIEL BOUYS
Ils n'étaient pas cachés, ils n'étaient pas illicites, ils étaient juste oubliés : des centaines de millions d'euros ont refait surface dans les caisses du Vatican à la faveur de la grande refonte des finances du Saint-Siège.
C'est le cardinal australien George Pell, « ministre » de l'Économie du Vatican, qui a révélé la divine surprise dans une tribune au magazine britannique Catholic Herald.
« Nous avons découvert que la situation (financière du Vatican) était bien plus saine que ce qu'il semblait. Parce que quelques centaines de millions d'euros étaient cachés dans divers comptes sectoriels et n'apparaissaient pas dans les bilans », a-t-il déclaré.
Le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, s'est empressé vendredi de préciser qu'il ne s'agissait pas de « fonds illégaux, illicites ou mal administrés ». Ces fonds « ne figuraient pas dans les bilans officiels du Saint-Siège et de la Cité du Vatican » et le Secrétariat du pape à l'Économie en a appris l'existence lors de l'audit des administrations vaticanes. Cette découverte est « un fruit de la coopération constructive entre les diverses institutions vaticanes », a ajouté le père Lombardi.
Le cardinal Pell, un poids-lourd du camp conservateur et membre du « C9″ des cardinaux conseillant le pape François, dispose des pleins pouvoirs pour réformer les services économiques et financiers du petit État, grevés dans le passé par l'opacité et des scandales financiers de grande ampleur.
« Il est important d'observer que le Vatican n'est pas en faillite. A part le fonds de pensions, qui doit être renforcé pour faire face aux demandes d'ici 15 à 20 ans, le Saint-Siège se finance, grâce à la possession de biens substantiels et d'investissements », a estimé ce cardinal à poigne.
Dans sa tribune, il décrit un système à l'ancienne, où chacune des près de 200 entités vaticanes ou dépendant directement du Vatican jouissait d'une indépendance qu'elle conservait jalousement.
« On gardait ses problèmes pour soi. Très peu étaient ceux qui étaient tentés de confier au monde extérieur ce qui se passait chez eux, sauf quand ils avaient besoin d'une aide extérieure », rappelle-t-il.
« Ennuyante de prospérité »
« Une princesse allemande me disait qu'on percevait le Vatican comme une vieille famille noble glissant vers l'indigence, et les gens du Vatican comme des incompétents, des extravagants et des proies faciles pour les voleurs », raconte-t-il.
Mais même si quelques soubresauts ne sont pas à exclure dans les années qui viennent, cette image est vouée à disparaître, assure le cardinal Pell. Désormais, « les budgets de chaque congrégation et conseil pontifical doivent être approuvés, et leurs dépenses contrôlées (…) durant l'année », avec des pénalités en cas de dépassement, insiste-t-il.
« Les donateurs s'attendent à ce que leurs donations soient gérées avec efficacité et honnêteté », explique le cardinal australien. « Une Église pour les pauvres ne devrait pas être pauvrement gérée ».
Cette refonte, qui ne se fait pas sans douleur, est approuvée par une majorité de cardinaux : Jorge Bergoglio a été élu pape en 2013 en partie sur le mandat de réformer la Curie et de mettre fin à un système largement obsolète et dépensier.
Début novembre, le cardinal Pell a adressé un courrier interne aux personnels du Vatican pour présenter un manuel des politiques de gestion financière qui entreront en vigueur à partir du 1er janvier.
Et des experts laïcs, non soumis à l'autorité du pape, devraient en garantir à terme le bon fonctionnement.
Selon Mgr Pell, certains cardinaux et évêques sont d'ailleurs favorables à ce que ces nouvelles procédures de comptabilité soient envoyées aux conférences épiscopales et aux 3 000 diocèses à travers le monde.
L'objectif est clair: que les finances du Vatican deviennent « ennuyantes de prospérité », afin de faire fructifier les œuvres de l'Église et non plus les scandales.
Par: AFP