الثلاثاء، 22 أكتوبر 2013

Rome rappelle la doctrine sur les divorcés remariés | La-Croix.com

Dans un article publié mercredi 22 octobre par l'Osservatore Romano, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi exclut toute ouverture aux sacrements pour les divorcés remariés.

La question sera au centre du synode sur la famille, organisé à Rome à l'automne 2014.


À ceux qui doutaient de la continuité doctrinale entre Benoît XVI et le pape François, Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), vient d'apporter un démenti cinglant. Et ce dans un domaine ultrasensible : le débat sur l'indissolubilité du mariage et la pastorale des divorcés remariés. Dans un texte très argumenté publié en « une » de « L'Osservatore Romano » daté d'aujourd'hui, et disponible en plusieurs langues sur le site Internet du journal, l'évêque allemand répond sans équivoque aux arguments soulevés par les partisans d'un accès facilité à l'Eucharistie pour les divorcés remariés.

« L'admission à l'Eucharistie ne peut pas leur être accordée »

Dans ce texte intitulé « La force de la grâce », Mgr Müller, tranche très clairement : « L'admission à l'Eucharistie ne peut pas leur être accordée », écrit-il. Quant à la miséricorde, argument régulièrement invoqué, y compris par le pape François dans l'avion de retour de Rio, pour plaider en faveur d'une évolution de cette pratique, Mgr Müller écrit : « C'est un argument insuffisant en matière théologico-sacramentaire, parce que tout l'ordre sacramentel est une œuvre de la miséricorde (…). À travers ce qui est objectivement un faux appel à la miséricorde, on court un risque de la banalisation de l'image de Dieu. » Il écarte également la possibilité pour l'Église catholique d'adopter une pratique voisine de celle des Églises orthodoxes, dont les fidèles divorcés, après un temps de pénitence, peuvent contracter un second mariage. « Cette pratique n'est pas conciliable avec la volonté de Dieu, telle qu'elle est clairement exprimée dans les paroles de Jésus sur l'indissolubilité du mariage, et cela représente un problème œcuménique qu'il ne faut pas sous-estimer », tranche-t-il.

Néanmoins, le préfet de la CDF reconnaît la difficulté liée à cette question, et prend acte de l'incompréhension relative des sociétés contemporaines quant à l'exigence de l'Église sur le mariage. « La mentalité contemporaine se place largement en opposition avec la compréhension chrétienne du mariage, notamment par rapport à l'indissolubilité ou à l'ouverture à la vie », écrit-il. Le préfet romain prend également acte du « scepticisme des jeunes à l'égard des décisions de vie définitives ». Et pourtant, relève-t-il, le mariage ne peut être jugé exclusivement à l'aune de « critères mondains et pragmatiques ». « Celui qui pense selon 'l'esprit du monde'(1 Co 2, 12) ne peut pas comprendre le caractère sacramentel du mariage. » Malgré tout, le texte insiste sur le « souci pastoral » des pasteurs à l'égard des divorcés remariés. « Le souci pour les divorcés remariés ne devrait certes pas se réduire à la question de la réception de l'Eucharistie. (…) Il existe encore d'autres manières d'entrer en communion avec Dieu. »

Un synode romain sur la famille en octobre 2014

Ce rappel à l'ordre convient d'être situé dans une chronologie bien précise. En octobre 2014, le pape François doit présider un synode romain sur la famille, aux prérogatives probablement élargies vers plus de collégialité, sur la pastorale de la famille. À plusieurs reprises, le pape a évoqué la douloureuse question de l'accès aux sacrements pour les divorcés remariés. Au point de susciter de grands espoirs parmi ces personnes, séduites par les appels répétés du pape au pardon et à la miséricorde.

C'est ainsi que le 9 octobre, peu après l'annonce du futur synode, le diocèse allemand de Fribourg en Brisgau a publié des orientations pastorales ouvrant sous conditions l'accès aux sacrements aux personnes divorcées remariées. Suscitant très rapidement une mise au point agacée de Mgr Zollitsch, son ancien archevêque, aujourd'hui administrateur apostolique du diocèse, ayant démissionné pour raisons d'âge. Celui qui est toujours président de la Conférence des évêques allemands (DBK), qualifiait sévèrement ce texte d'« impulsion temporaire », assurant ses confrères que le document avait été publié « à son insu », « monté en épingle et présenté de façon simpliste » dans les médias. « Ce n'est pas rendre justice à ce sujet sensible », jugeait-il alors. C'est donc l'un de ses confrères allemands, Mgr Müller, qui a décidé de peser de tout son poids avec, on peut l'imaginer, l'accord du pape François, dans le débat.

« L'indissolubilité absolue ne vaut que pour les mariages qui se situent dans le cadre de la foi dans le Christ »

La seule porte laissée ouverte est exactement celle que le cardinal Joseph Ratzinger avait ouverte en son temps, notamment en avril 1999, en introduction à une synthèse sur la pastorale du mariage publiée par la Librairie Vaticane. Il constatait alors que « l'indissolubilité absolue ne vaut que pour les mariages qui se situent dans le cadre de la foi dans le Christ ». D'où cette ouverture, reprise par Mgr Müller : « Clarifier quelles conditions doivent être remplies pour qu'un mariage indissoluble existe selon le sens qui lui est attribué par Jésus. » Le cardinal Ratzinger écrivait en 1999 : « On devra clarifier la question : est-ce que vraiment tout mariage entre deux baptisés est "ipso facto" un mariage sacramentel ? »

Autrement dit, c'est à l'aune de la foi qu'il convient de juger la validité d'un mariage. Il est possible que ce point soit débattu lors du futur synode qui lui-même, dit-on à Rome, pourrait n'être que le premier épisode d'un débat associant largement les évêques du monde sur ce thème.

FRÉDÉRIC MOUNIER ET LOUP BESMOND DE SENNEVILLE


Envoyé de mon Ipad 

Finances du Vatican : l'opération transparence se poursuit

Finances du Vatican : l'opération transparence se poursuit
La société américaine d'expertise financière Promontory passait déjà au peigne fin depuis mai dernier les comptes de la banque du Vatican, l'IOR, l'Institut pour les oeuvres de religion. Elle est désormais également chargée d'examiner les opérations de l'APSA, l'Administration du Patrimoine du Siège apostolique (APSA), qui gère les patrimoines mobilier et immobilier du Saint-Siège. L'APSA va être soumise à l'expertise des spécialistes de Promontory Financial Group, pour vérifier que les règles de transparence financière y sont bien respectées dans sa gestion.

La cité du Vatican. (Photo : Flickr/Doug Wheller)

La mission a démarré le 15 octobre dernier. Promontory est chargé depuis mai d'examiner un à un tous les comptes à l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR), grands et petits. La « banque du pape » gère près de 18.900 comptes (6,3 milliards d'euros d'actifs), dont sont titulaires surtout des religieux ou des laïcs travaillant au Vatican. La nouvelle mission confiée à Promontory « permettra d'approfondir la vérification de la situation financière et de gestion de l'APSA », a indiqué la présidence de cette administration, dirigée par le cardinal italien Domenico Calcagno, qui est aussi membre de la commission de cardinaux chargée de superviser l'IOR.

L'APSA a été secouée par des scandales à répétition, notamment avec l'arrestation fin juin, sur requête de la justice italienne, de Mgr Nunzio Scarano, ex-chef comptable d'une de ses sections, accusé de malversations financières. Dans cette section extraordinaire de l'APSA qui s'occupe de la gestion des biens mobiliers et de ceux qui lui sont confiés par d'autres institutions de l'Eglise, un conseil de surveillance a été aussi créé.

Face aux critiques adressées au Vatican d'être opaque et d'avoir favorisé des placements suspects et le blanchiment d'argent, Benoît XVI, depuis 2010, et, de manière redoublée, François depuis mars, ont entrepris de soumettre toutes les administrations centrales de l'Eglise à une réforme en profondeur.


Envoyé de mon Ipad 

الاثنين، 21 أكتوبر 2013

Le pape François invite catholiques et luthériens à poursuivre un chemin de dialogue et de communion | La-Croix.com

« CATHOLIQUES ET LUTHÉRIENS PEUVENT DEMANDER PARDON POUR LE MAL CAUSÉS LES UNS AUX AUTRES ET POUR LES FAUTES COMMISES DEVANT DIEU »

Le pape François a reçu lundi 21 octobre 2013 en audience la délégation de la Fédération luthérienne mondiale, accompagnée de représentants de la Commission mixte de dialogue catholique-luthérienne. Le pape a salué « les nombreux pas accomplis ces dernières décennies dans les relations entre luthériens et catholiques, non seulement à travers le dialogue théologique, mais aussi par la collaboration fraternelle dans de nombreux domaines pastoraux, et en particulier dans l'engagement à progresser dans l'œcuménisme spirituel », rapporte le site de Radio Vatican. C'est en un certain sens, a souligné le pape « l'âme de notre chemin vers la pleine communion, et qui nous permet de savourer déjà certains fruits, bien qu'imparfaits ».
Cette année, en vue des commémorations du cinquième centenaire de la Réforme, un texte de la Commission pour l'unité luthérienne-catholique a été publié sous le titre : Du conflit à la communion. L'interprétation luthérienne-catholique de la Réforme en 2017. Je pense, a indiqué le pape, que « l'effort de se confronter dans un dialogue sur la réalité historique de la Réforme, ses conséquences et les réponses qui lui ont été données, est très important pour tous ».

« Catholiques et luthériens peuvent demander pardon pour le mal causés les uns aux autres et pour les fautes commises devant Dieu, et ils peuvent ensemble se réjouir de la nostalgie de l'unité que le Seigneur a réveillée dans nos cœurs, et qui nous permet d'envisager l'avenir avec un regard d'espérance, a poursuivi le pape. À la lumière du chemin accompli ces dernières décennies et des nombreux exemples de communion fraternelle entre luthériens et catholiques, confortés par la confiance dans la Grâce qui nous est donnée par le Seigneur, je suis sûr que nous allons continuer notre chemin de dialogue et de communion, en affrontant aussi les questions fondamentales, tout comme les divergences qui apparaissent dans le domaine de l'anthropologie et de l'éthique. »
« Les difficultés ne manquent pas et ne manqueront pas, il faudra encore de la patience, du dialogue, de la compréhension mutuelle, mais ne nous inquiétons pas ! Nous savons, comme nous l'a rappelé Benoît XVI, que l'unité n'est pas principalement le résultat de notre effort, mais de l'action de l'Esprit Saint auquel nous devons ouvrir nos cœurs avec confiance, car il nous conduit sur le chemin de la réconciliation et de la communion », a conclu le pape François.
Avec Radio Vatican


Envoyé de mon Ipad 

« Francesco » est le prénom le plus donné en Italie depuis l’élection du pape | La-Croix.com

Le prénom « Francesco » est le plus donné en Italie depuis l'élection du pape François, signe de l'attachement des Italiens au pape argentin.

Depuis l'élection du pape François le 13 mars 2013, le prénom « Francesco » est le plus donné en Italie, d'après une étude citée par le Huffington Post.
L'étude, menée par Enzo Caffarelli, spécialiste des origines des noms à l'Université Tor Vergata de Rome, montre cette évolution. Dans les trois premiers mois de l'année, « Francesco », déjà populaire, était le 2e prénom le plus donné de la péninsule, après le prénom « Lorenzo ».
Au cours des dernières années, environ 8 500 petits Italiens ont été baptisés Francesco chaque année, un chiffre qui devrait connaître une hausse significative en 2013.
Autre impact du choix du nom de pontificat du cardinal Bergoglio, la nomination de lieux publics. En effet, l'étude montre également une tendance à renommer des places publiques et des parcs de nom de Saint-François d'Assise.
Il y a maintenant plus de 2 000 lieux publics en Italie nommés ainsi, dont 300 l'ont été cette année 2013.

Envoyé de mon Ipad 

أم شابة ومريضة تقابل البابا

مع زوجها وابنتها
بقلم آن كوريان
روما, 21 اكتوبر 2013 (زينيت) - قابل البابا لورا غراسي يوم الأربعاء 16 تشرين الأول في أثناء المقابلة العامة في ساحة القديس بطرس وهي أمّ شابة إيطالية تبلغ من العمر 31 عامًا، مصابة بمرض التصلّب العصبي أو مرض شاركو وكانت برفقة زوجها أوغو وابنتهما أليسيا.
وأكّد أوغو لإذاعة الفاتيكان: "لقد حيّى البابا لورا وأليسيا ومازح الصغيرة قليلاً ومنحنا بركته". وأضاف قائلاً: "لقد قررنا أن نلد أليسيا "بالإيمان"، لقد آمنا كثيرًا... لقد كانت ولادتها بالنسبة إلينا كعطية كبيرة من لدن الله. لقد جلبت أليسيا معها الفرح والسلام لكلّ عائلتنا".
وبحسب ما قال أوغو، فقد كانت العائلات والأصدقاء الذين أحاطوهم السند الكبير للزوجين الشابين وأشار إلى ذلك "بالفرصة العظيمة". وختم قائلاً: "نحن نؤمن "بالغد" ولكننا نفكّر في "اليوم" ونعيشه برجاء أن يأتي الغد".
* * *
نقلته إلى العربية ألين كنعان – وكالة زينيت العالمية

Le Pape à Scalfari :"Ainsi je changerai l'Église" - Repubblica.it


Le Pape à Scalfari :"Ainsi je changerai l'Église"

Le Pape François me dit ceci :"Les maux les plus graves qui affligent le monde aujourd'hui sont le chômage des jeunes et la solitude dans laquelle sont abandonnés les vieillards. Les personnes âgées ont besoin de soins et de compagnie ; les jeunes de travail et d'espérance, mais ils n'ont ni l'un ni l'autre et, hélas, ils ne les recherchent même plus. Ils ont été écrasés par le présent. Dites-moi : peut-on vivre écrasé par le présent ? Sans mémoire du passé et sans désir de se projeter dans l'avenir en construisant un projet, un avenir, une famille ? Peut-on continuer ainsi ? Voilà, selon moi, le problème le plus urgent auquel l'Église est confrontée."

Votre Sainteté, lui dis-je, c'est avant tout un problème politique et économique qui concerne les États, les gouvernements, les partis, les associations syndicales."Oui, vous avez raison, mais ce problème concerne aussi l'Église, je dirai même surtout l'Église car cette situation ne blesse pas seulement les corps, mais aussi les âmes. L'Église doit se sentir responsable des âmes, comme des corps."

Votre Sainteté, vous dites que l'Église doit se sentir responsable. Dois-je en déduire que l'Église n'est pas consciente de ce problème et que vous souhaitez la sensibiliser ?
"Dans une large mesure, cette conscience existe mais ce n'est pas encore suffisant. Je désire qu'elle soit plus forte. Ce n'est pas le seul problème auquel nous soyons confrontés, mais c'est surement le plus urgent et le plus dramatique" 

La rencontre avec le Pape François a eu lieu mardi dernier chez lui, a' la résidence Santa-Marta, dans une pièce minuscule meublée d'une table et de cinq ou six chaises, avec pour tout ornement un tableau accroché au mur. L'entretien avait été précédé d'un appel téléphonique que, de ma vie, je n'oublierai jamais.
Il était deux heures et demie de l'après-midi. Mon téléphone sonne et la voix de ma secrétaire, au comble de l'agitation, me dit :"J'ai le Pape en ligne, je vous le passe tout de suite."

Je demeure sans voix tandis que celle de Sa Votre Sainteté, a' l'autre bout du fil dit :"Bonjour, je suis le Pape François."Bonjour, Votre Sainteté  -  dis-je  -  en ajoutant aussitôt : Je suis bouleversé, je ne m'attendais pas a' ce que vous m'appeliez."Pourquoi bouleversé ? Vous m'avez écrit une lettre en demandant a' faire ma connaissance. Ce désir étant réciproque, je vous appelle pour fixer un rendez-vous. Voyons mon agenda: mercredi, je suis pris, lundi aussi, seriez vous libre mardi ?". Je lui réponds : c'est parfait.

"L'horaire n'est pas des plus pratiques, a' 15 heures, cela vous va ? Sans cela, je vous propose une autre date"
Votre Sainteté, l'heure me convient."Alors, nous sommes d'accord : mardi 24 a' 15 heures. A Santa-Marta. Il vous faudra rentrer par la porte du Saint-Office."
Je ne sais comment clore l'appel et me hasarde a' lui demander : puis-je vous donner une accolade par téléphone."Mais oui, certainement, et je fais de même, en attendant de pouvoir nous saluer ainsi personnellement. A bientôt"

Me voici arrivé. Le Pape entre et me serre la main, nous nous asseyons. Le Pape sourit et me dit :"Certains de mes collaborateurs qui vous connaissent m'ont averti que vous allez essayer de me convertir."

A ce trait d'esprit, je réponds : mes amis vous prêtent la même intention a' mon endroit.

Il sourit et répond :"Le prosélytisme est une pompeuse absurdité, cela n'a aucun sens. Il faut savoir se connaître, s'écouter les uns les autres et faire grandir la connaissance du monde qui nous entoure. Il m'arrive qu'après une rencontre j'ai envie d'en avoir un autre car de nouvelles idées ont vu le jour et de nouveaux besoins s'imposent. C'est cela qui est important : se connaître, s'écouter, élargir le cercle des pensée. Le monde est parcouru de routes qui rapprochent et éloignent, mais l'important c'est qu'elles conduisent vers le Bien"

Votre Sainteté, existe-t-il une vision unique du Bien ? Et qui en décide ?
"Tout être humain possède sa propre vision du Bien, mais aussi du Mal. Notre tâche est de l'inciter a' suivre la voie tracée par ce qu'il estime être le Bien."

Votre Sainteté, vous-même l'aviez écrit dans une lettre que vous m'avez adressée. La conscience est autonome, disiez-vous, et chacun doit obéir a' sa conscience. A mon avis, c'est l'une des paroles les plus courageuses qu'un Pape ait prononcée.
"Et je suis prêt a' la répéter. Chacun a' sa propre conception du Bien et du Mal et chacun doit choisir et suivre le Bien et combattre le Mal selon l'idée qu'il s'en fait. Il suffirait de cela pour vivre dans un monde meilleur."

L'Église s'emploie-t-elle a' cela?
"Oui, nos missions poursuivent ce but : repérer les besoins matériels et immatériels des personnes et chercher a' les satisfaire comme nous le pouvons. Vous savez ce qu'est l''agapé' ?".

Oui, je le sais.
"C'est l'amour pour les autres, tel que Notre Seigneur l'a enseigné. Ce n'est pas du prosélytisme, c'est de l'amour. L'amour pour autrui, qui est le levain du bien commun".

Aime ton prochain comme toi-même.
"Oui, c'est exactement cela."

Jésus prêchait que l'agapé, l'amour pour les autres, est la seule façon d'aimer Dieu. Corrigez-moi si je me trompe.
"Non, c'est bien cela. Le Fils de Dieu s'est incarné pour faire pénétrer  dans l'âme des hommes le sentiment de la fraternité. Tous les frères et tous les enfants de Dieu. Abbà, ainsi qu'il appelait le Père. Je suis  la Voie, disait-il. Suivez-moi et vous trouverez le Père et vous serez tous ses enfants et il se complaira en vous. L'agapé, l'amour de chacun de nous pour tous les autres, des plus proches aux plus lointains, est justement la seule manière que Jésus nous a indiquée pour trouver la voie du salut et des Béatitudes."

Toutefois, l'exhortation de Jésus, nous le rappelions tout a' l'heure, est que l'amour pour le prochain doit être égal a' celui que nous avons pour nous-mêmes. Par conséquent, ce que l'on a coutume d'appeler le narcissisme est reconnu comme valable, positif, au même titre que l'autre. Nous avons longuement discuté de cette question.
"Je n'aime pas   -   disait le Pape   -  le mot narcissisme, qui indique un amour sans bornes pour soi-même qui ne convient pas parce qu'il peut produire de très graves dommages non seulement dans l'âme de celui qui en est atteint, mais aussi dans la relation avec les autres et avec la société. Le vrai problème c'est que ceux sont touchés par cette affection, qui est en quelque sorte un trouble mental, sont généralement les personnes qui détiennent le plus de pouvoir. Les dirigeants sont bien souvent des Narcisses."
  
Maints dirigeants au sein de l'Église l'ont été eux aussi.
"Vous savez ce que j'en pense ? Les dirigeants de l'Église ont été souvent des narcisses en proie aux flatteries et aux coups d'aiguillons de leurs propres courtisans. L'esprit de cour est la lèpre de la papauté."

La lèpre de la papauté, c'est bien l'expression utilisée par vous. Mais quelle est cette cour ? Faites-vous allusion a' la Curie ? ai-je demandé.
"Non, il peut y avoir parfois des courtisans dans la Curie, mais la Curie dans son ensemble, ce n'est pas cela. Elle correspond a' ce que l'on a coutume d'appeler l'intendance dans une armée. En tant que telle, elle gère les services dont le  Saint-Siège a besoin, mais elle a un défaut : elle est 'vaticano-centrée'. Elle voit et suit les intérêts du Vatican, qui sont encore en majorité des intérêts temporels. Cette vision axée sur le Vatican néglige le monde qui nous entoure. Je ne partage pas cette vision et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la modifier. L'Église est ou doit redevenir une communauté du peuple de Dieu et les religieux, les curés, les Évêques ayant charge d'âmes sont au service du peuple de Dieu. L'Église c'est cela. Il ne faut pas confondre l'appellation avec celle du Saint-Siège, dont la fonction est importante, certes, mais qui est au service de l'Église. Je n'aurais pu avoir pleinement foi en Dieu et en son Fils si je n'avais pas été formé au sein de l'Église et j'ai eu la chance de me trouver, en Argentine, au sein d'une communauté sans laquelle je n'aurais jamais pris conscience de ce que j'étais et de ma foi."

Votre vocation est-elle née en vous lorsque vous étiez jeune ?
"Non, pas très jeune. Ma famille me destinait a' un métier, pour travailler et gagner un peu d'argent. J'allai a' l'Université. J'eus a' cette époque une enseignante pour laquelle j'éprouvai du respect et de l'amitié. C'était une fervente communiste. Souvent, elle me lisait ou me donnait a' lire des textes du Parti communiste. C'est ainsi que je me familiarisai également avec cette conception très matérialiste. Je me souviens qu'elle me procura aussi le communiqué des communistes américains en faveur des époux Rosenberg, après leur condamnation a' mort. La femme dont je viens de vous parler a été arrêtée, torturée et assassinée par la dictature qui était alors au pouvoir en Argentine."

Le communisme vous avait-il séduit ?
"Son matérialisme n'eut pas prise sur moi. Mais l'avoir abordé par l'intermédiaire d'une personne courageuse et honnête m'a été utile et j'ai compris certaines choses, notamment une dimension sociale que je retrouvai par ailleurs dans la doctrine sociale de l'Église."

La théologie de la libération, qui a été excommuniée par le Pape Wojtyla, était assez répandue en Amérique latine.
"Oui, bon nombre de ses représentants étaient des Argentins."

Estimez-vous que le Pape ait eu raison de les combattre ?
"Il est certain qu'ils prolongeaient la théologie qu'ils professaient dans la sphère politique, mais nombre d'entre eux étaient des croyants qui avaient une haute idée de la notion d'humanité."

Votre Sainteté ; me permettez-vous de vous dire a' mon tour quelque chose de ma formation culturelle ? J'ai été élevé par une mère très catholique. A 12 ans, j'ai même gagné un concours de catéchisme entre toutes les paroisses de Rome et a' cette occasion le Vicariat m'a remis un prix. Je communiais chaque premier vendredi du mois, bref, j'étais croyant et pratiquant. Mais tout a changé pendant mes études secondaires. Au lycée, je lus entre autres textes de philosophie qui étaient au programme, le "Discours de la méthode" de Descartes et je fus frappé par la phrase que nous connaissons bien "Je pense, donc je suis." Le"je"devint ainsi la base de l'existence humaine, le siège autonome de la pensée.
"Descartes n'a cependant jamais renié la foi du Dieu transcendant"

C'est vrai, mais il avait jeté le fondement d'une vision complètement différente. J'empruntai ce parcours et, corroboré par d'autres lectures, parvins dans les contrées où je me trouve aujourd'hui."Cependant, si j'ai bien compris, vous êtes non-croyant mais pas anticlérical. Ce sont deux choses bien différentes."

C'est vrai, je ne suis pas anticlérical, mais je le deviens quand je rencontre un tenant du cléricalisme.Il me sourit et me répond :"Cela m'arrive aussi, lorsque j'en ai un devant moi et je deviens soudain anticlérical. Le cléricalisme ne devrait rien avoir a' faire avec le christianisme. Saint Paul fut le premier a' s'adresser aux Gentils, aux païens, aux croyants d'autres religions ; il fut le premier a' nous enseigner cela."

Puis-je vous demander, Votre Sainteté, quels sont les saints que vous ressentez comme les plus proches de votre âme, ceux sur lesquels s'est formée votre expérience religieuse ?
"Saint-Paul est celui qui a précisé les fondements de notre religion et de notre crédo. Sans lui, nous ne saurions être des chrétiens conscients. Il a traduit la prédication du Christ en une structure doctrinaire qui, même après les mises a' jour successives des penseurs, théologiens et pasteurs d'âmes, a résisté et résiste toujours, depuis deux mille ans. Et puis Augustin, Benoît et Thomas et Ignace. Et naturellement François. AI-je besoin d'expliquer pourquoi ?." 

François   -  qu'il me soit permis d'appeler ainsi le Pape puisque lui-même semble nous y inviter, par sa façon de parler, de sourire, par ses exclamations de surprise ou d'assentiment  -  me regarde comme pour m'encourager a' poser enfin des questions plus audacieuses et embarrassantes pour celui qui dirige l'Église. De sorte que je l'interroge :  de Paul, vous avez expliqué l'importance et le rôle, mais de tous les saints que vous avez nommés, j'aimerais connaître celui qui est le plus proche de votre âme ?
"Vous me demandez un classement mais les classements sont faciles a' faire si l'on parle de sport ou d'affaires similaires. Je pourrais tout au plus vous énumérer les meilleurs footballers argentins. Mais pour les Saints...."

Vous connaissez le proverbe "Scherza coi fanti ma lascia stare i santi" qui invite a' ne pas plaisanter sur des choses sérieuses ?
"Justement. Je ne veux toutefois éluder votre question, car vous ne m'avez pas demandé un classement sur leur importance culturelle et religieuse, mais sur la proximité avec mon âme. Alors, je dis : Augustin et François."

Pas Ignace, qui est le fondateur de l'Ordre auquel vous appartenez?
"Ignace, pour des raisons évidentes, est celui que je connais le mieux. Il a fondé notre Ordre. Je vous rappelle que Carlo Maria Martini, que vous et moi apprécions beaucoup,  en provenait lui aussi. Les jésuites ont été et demeurent le levain  -  pas le seul, mais sans doute le plus efficace  -  de la catholicité : culture, enseignement, témoignage missionnaire, fidélité au Saint-Pontife. Mais Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, était aussi un réformateur et un mystique. Surtout un mystique."

Et  vous pensez que les mystiques ont joué un rôle important pour l'Église ?
"Un rôle fondamental. Une religion sans mystiques et une philosophie."

Avez-vous une vocation mystique ?
"Quel est votre avis sur la question."

Il me semble que non.
"Et vous avez probablement raison. J'adore les mystiques ; Saint François lui-même, dans bien des aspects de sa vie, en fut un mais je ne crois pas avoir personnellement cette vocation. Encore faut-il s'entendre sur la signification profonde du terme. Le mystique réussit a' se dévêtir du faire, des faits, des objectifs et même de la pastorale missionnaire pour s'élever, jusqu'à atteindre la communion avec les Béatitudes. De brefs moments qui cependant remplissent toute une vie."

Cela vous est-il jamais arrivé ?
"Rarement. Par exemple, quand le Conclave m'a élu Pape. Avant d'accepter, je demandai la permission de me retirer quelques minutes dans la pièce adjacente a' celle du balcon qui donne sur la place. Ma tête était totalement vide et j'étais envahi par l'angoisse. Pour la dissiper et me détendre, je fermai les yeux et je demeurai sans aucune pensée, pas même celle de refuser la charge, comme le permettrait la procédure liturgique. A un certain moment, une grande lumière m'envahit, qui dura un bref instant, mais me parut infiniment long. Puis la lumière disparut et je me levai d'un bond pour me diriger vers la pièce où m'attendaient les cardinaux et la table sur laquelle reposait l'acte d'acceptation. J'y apposai ma signature, le cardinal camerlingue le contresigna, puis nous sortîmes et l''Habemus Papam' fut prononcé."

Nous demeurâmes un peu en silence, puis je dis : nous parlions des saints qui vous sont proches et nous en étions restés a' Augustin. Voulez vous me dire pourquoi vous le sentez très proche de vous?
"Pour mon prédécesseur aussi, Saint Augustin est un point de référence. Ce saint, dont la vie a été marquée par de nombreuses vicissitudes, a modifié plusieurs fois sa position doctrinaire. Il a prononcé des paroles très dures a' l'égard des juifs, que je n'ai jamais approuvées. Il a écrit de nombreux livres et l'œuvre qui me semble la plus révélatrice de son intimité intellectuelle et spirituelle ce sont les 'Confessions', qui contiennent aussi des manifestations de mysticisme mais, contrairement a' ce que d'aucuns soutiennent, il n'est pas du tout l'héritier de Paul. Il voit l'Église et la foi de manière profondément différente de celui-ci, peut-être aussi parce que quatre siècles se sont écoulés entre l'un et l'autre."

Quelle est cette différence, Votre Sainteté?
"Elle tient pour moi a' deux aspects, qui sont essentiels. Augustin se sent impuissant face a' l'immensité de Dieu et aux devoirs qui incombent au chrétien et a' l'Évêque qu'il est. Il ne le fut absolument pas dans les faits, et pourtant il estimait en toute situation être au-dessous de ce qu'il voulait ou devait faire. Et puis la grâce dispensée par le Seigneur comme élément fondateur de la foi. De la vie. Du sens de la vie. Celui qui n'est pas touché par la grâce aura beau être sans peur et sans reproche, comme on dit, il ne sera jamais comme une personne touchée par la grâce. Telle est l'intuition d'Augustin."

Vous sentez-vous touché par la grâce ?
"Cela, personne ne peut le savoir. La grâce ne fait pas partie de la conscience ; elle est la quantité de lumière que nous avons dans l'âme, elle n'est pas faite de sagesse, ni de raison. Vous-même, totalement a' votre insu, pourriez être touché par la grâce."

Sans la foi ? Moi, un non-croyant ?
"La grâce intéresse l'âme."

Je ne crois pas dans l'âme.
"Vous n'y croyez pas mais vous en avez une."

Votre Sainteté, nous avions dit que vous n'aviez guère l'intention de me convertir, d'ailleurs je crois que vous n'y arriveriez pas.
"Cela, personne ne peut le savoir  mais il est vrai, en tout cas, je n'en ai pas l'intention."

Et François?
"Il est grand parce qu'il est tout a' la fois. Homme qui veut faire, qui veut construire, qui fonde un Ordre est sa règle, qui est itinérant et missionnaire, qui est poète et prophète, qui est un mystique. Il a constaté le mal sur lui-même et il en est sorti, il aime la nature, les animaux, le brun d'herbe dans le pré, les oiseaux qui volent dans le ciel, mais surtout, il aime les personnes, les enfants, les vieillards, les femmes. Il est l'exemple le plus lumineux de l'agapé dont nous parlions tout a' l'heure."

Vous avez raison, Votre Sainteté, la description est parfaite. Mais pourquoi aucun de vos prédécesseurs n'a-t-il jamais choisi ce nom ? Et en toute probabilité, selon moi, aucun de vos successeurs ?
"Sur ce dernier point, ne préjugeons pas de l'avenir. C'est vrai, avant moi, personne ne l'avait choisi. Nous touchons ici au cœur du problème. Vous voulez boire quelque chose ?" 

Merci, peut-être un verre d'eau.

Il se lève, ouvre la porte et prie un collaborateur qui se trouve a' l'entrée d'apporter deux verres d'eau. Il me demande si je souhaite boire un café. Je réponds par la négative. La carafe d'eau arrive. A la fin de notre conversation, mon verre sera vide, mais il n'aura pas touché au sien. Il s'éclaircit la voix et poursuit.

"François voulait un ordre mendiant qui fût aussi itinérant. Des missionnaires a' la recherche d'occasions pour rencontrer, écouter, dialoguer, aider, répandre la foi et l'amour. Surtout l'amour. Il avait ce rêve d'une Église pauvre, qui aurait soin des gens, qui recevrait des aides matérielles et les utiliserait pour soutenir les autres, sans se soucier d'elle même. Huit cents ans se sont écoulés depuis et les temps ont changé, mais l'idéal d'une Église missionnaire et pauvre reste plus que fondée. C'est bien l'Église qu'ont prêchée Jésus et ses disciples."

Vous les chrétiens, êtes devenus une minorité. Même en Italie, ce pays désigné comme  le 'jardin du Pape', les catholiques pratiquants comptent pour 8 a' 15 pour cent de la population, d'après les sondages, et les catholiques qui se déclarent tels mais ne pratiquent pas représentent a' peine 20 pour cent. Il y a un milliard de catholiques et plus dans le monde et, avec les autres Églises chrétiennes, vous dépassez le milliard et demie, mais la planète est peuplée de 6  -  7 milliards de personnes. Vous êtes nombreux, certes, particulièrement en Afrique et en Amérique latine, mais néanmoins en minorité.
"Nous l'avons toujours été, mais le thème d'aujourd'hui est autre. Personnellement, je pense qu'être une minorité est même une force. Nous devons être un levain de vie et d'amour et le levain est une quantité infiniment plus petite que la masse de fruits, de fleurs et d'arbres qui naissent de ce levain. Il me semble avoir déjà dit au début de nos propos que notre objectif n'est pas le prosélytisme mais l'écoute des besoins, des vœux, des illusions perdues, du désespoir, de l'espérance. Nous devons rendre espoir aux jeunes, aider les vieux, nous tourner vers l'avenir, répandre l'amour. Pauvres parmi les pauvres. Nous devons ouvrir la porte aux exclus et prêcher la paix. Le Concile Vatican II, inspiré par le Pape Jean et par Paul VI, a décidé de regarder l'avenir dans un esprit moderne et de s'ouvrir a' la culture moderne. Les pères conciliaires savaient que cette ouverture a' la culture moderne était synonyme d'œcuménisme religieux et de dialogue avec les non-croyants. Après eux, on fit bien peu dans cette direction. J'ai l'humilité et l'ambition de vouloir le faire."

D'autant que  -  me permettrai-je d'ajouter  -  la société moderne, partout dans le monde,  traverse en ce moment une crise profonde qui touche l'économie, certes, mais aussi la sphère sociale et spirituelle. Au début de notre rencontre, vous avez décrit une génération écrasée par le présent. Nous aussi, non-croyants nous ressentons cette souffrance presque anthropologique. Pour cela, nous voulons dialoguer avec les croyants et avec leur représentant le meilleur.
" Je ne sais si je suis le meilleur de ses représentants, mais la Providence m'a placé a' la tête de l'Église et du Diocèse de Pierre. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour remplir le mandat qui m'a été confié."

Jésus, vous l'avez rappelé, a dit ; aime ton prochain comme toi-même. Pensez-vous que ce précepte soit devenu réalité ?
"Hélas, non. L'égoïsme a augmenté et l'amour envers les autres a diminué."

C'est donc l'objectif qui nous réunit : atteindre au moins la même courbe d'intensité pour ces deux versants de l'amour. Votre Église est-elle préparée et équipée pour accomplir cette tâche?
"Comment voyez-vous la chose ?".

Je pense que l'amour pour le pouvoir temporel est encore plus fort entre les murs du Vatican et dans la structure institutionnelle de toute l'Église. Je pense que l'Institution prédomine sur l'Église pauvre et missionnaire que vous appelez de vos vœux.
"Effectivement, il en est ainsi et, dans ce domaine, il n'y a pas de miracle. Je vous rappelle que François lui-même, a' son époque, dut négocier longuement avec la hiérarchie romaine et avec le Pape pour faire reconnaître la règle de son Ordre. Finalement, il obtint gain de cause au prix de vastes compromis." 

Devrez-vous suivre la même voie?
"Je ne suis pas François d'Assise et je n'ai ni sa force ni sa sainteté. Mais je suis l'Évêque de Rome et le Pape du monde catholique. J'ai décidé comme première chose de nommer un groupe de huit cardinaux pour former mon conseil. Pas de courtisans, mais des personnalités sages et animées des mêmes sentiments que les miens. C'est l'amorce d'une Église qui ne fonctionne pas seulement selon une hiérarchie verticale, mais aussi horizontalement. Quand le Cardinal Martini en parlait en mettant l'accent sur les Conciles et les Synodes, il savait pertinemment combien ce chemin était long et difficile a' parcourir. Avec prudence, mais fermeté et ténacité."

Et la politique ?
"Pourquoi posez-vous la question ? Je vous ai déjà dit que l'Église ne s'occupera pas de politique."

Cependant, il y a quelques jours, vous avez adressé un appel pour inviter les catholiques a' s'engager au plan civil et politique.
"Je ne me suis pas adressé uniquement aux catholiques mais a' tous les hommes de bonne volonté. J'ai dit que la politique est la première des activités civiles et qu'elle a son propre champ d'action, qui n'est pas celui de la religion. Les institutions politiques sont laïques par définition et opèrent dans des domaines indépendants. Mes prédécesseurs, depuis déjà de nombreuses années, n'ont cessé de le dire, chacun a' sa manière. Je crois que les catholiques engagés dans la politique portent en eux les valeurs de la religion avec toute la maturité de conscience et les compétences nécessaires pour les mettre en œuvre. L'Église ne franchira jamais les limites de sa tâche, qui est d'exprimer et de communiquer ses valeurs  -  du moins tant que j'y serai."

Mais l'Église n'a pas toujours agi ainsi.
"En réalité, presque jamais. Très souvent l'Église en tant qu'institution a été dominée par l'attachement au pouvoir temporel et de nombreux représentants et hautes personnalités catholiques voient encore les choses ainsi. A mon tour, maintenant, de vous poser une question : vous, laïc, qui ne croyez pas en Dieu, en quoi croyez-vous ? Vous êtes un écrivain et un penseur. Vous croyez sûrement en quelque chose, vous avez sûrement des valeurs dominantes. Ne me répondez pas par des mots comme honnêteté, recherche, vision du bien commun, qui sont autant de principes et de valeurs essentiels. Non ce n'est pas le sens de ma question. Je vous demande ce que vous pensez de l'essence du monde, ou plutôt, de l'univers. Vous vous êtes sans doute demandé, comme tout le monde, qui nous sommes, d'où nous venons, où nous allons. Un enfant se pose déjà ces questions. Et vous ?"

Je vous suis reconnaissant de m'avoir posé la question. Voici ma réponse : je crois dans l'Être, c'est-à-dire le tissu d'où jaillissent les formes, les Entités.
"Et moi, je crois en Dieu. Pas dans un Dieu catholique, car il n'existe pas de Dieu catholique, il existe un Dieu. Et je crois en Jésus Christ, son incarnation. Jésus est mon maître et mon pasteur, mais Dieu, le Père, Abbà, est la lumière et le Créateur. Tel est mon Être. Dites-moi, sommes-nous si éloignés l'un de l'autre ?"

Nous sommes éloignés dans les pensées, mais semblables en tant que personnes, animées inconsciemment de nos instincts qui se transforment en pulsions, en sentiments, en volonté, en pensée et en raison. En cela, nous sommes semblables.
"Mais ce que vous appelez l'Être, pouvez vous me dire comment vous le définissez en pensée?"

L'Être est un tissu d'énergie. Énergie chaotique mais indestructible et dans un état de chaos perpétuel. De cette énergie émergent les formes quand l'énergie arrive au point d'explosion. Les formes ont leurs propres lois, leurs champs magnétiques, leurs éléments chimiques, qui se combinent de manière aléatoire, évoluent et enfin s'éteignent mais leur énergie ne disparaît pas. L'homme est probablement le seul animal doué d'une pensée, du moins sur notre planète et dans notre système solaire. J'ai dit qu'il est animé d'instincts et de désirs mais j'ajoute qu'il porte en lui une résonnance, un écho, une vocation de chaos.
"Bien. Je ne vous invitais pas a' résumer votre philosophie et ce que vous m'avez dit me suffit. J'observe pour ma part que Dieu est lumière qui illumine les ténèbres même s'il ne les dissipe pas, et qu'une étincelle de cette lumière divine est au-dedans de chacun d'entre nous. Dans la lettre que je vous ai écrite, je me souviens vous avoir dit que notre espèce, comme d'autres, s'éteindra mais la lumière de Dieu, elle, ne s'éteindra pas, qui finalement envahira toutes les âmes et alors tout sera dans tous."

Oui, je m'en souviens très bien ; vous avez écrit"toute la lumière sera dans toutes les âmes"ce qui  -  si je puis me permettre  -  donne davantage l'idée de l'immanence que de la transcendance.
"La transcendance demeure parce que cette lumière, toute la lumière qui est dans tous, transcende l'univers et les espèces qui l'habitent durant cette phase. Mais revenons au présent. Nous avons franchi un pas dans notre dialogue. Nous avons constaté que dans la société et dans le monde où nous vivons, l'égoïsme s'est développé beaucoup plus que l'amour pour les autres et que les hommes de bonne volonté, chacun avec sa force et ses compétences, doivent opérer pour que l'amour envers les autres augmente jusqu'à égaler, voire dépasser l'amour envers soi-même."

Ici, la politique entre en jeu.
"Sans aucun doute. Personnellement, je pense que ce que l'on désigne par 'libéralisme sauvagè ne fait que rendre plus forts les forts tandis qu'il affaiblit les faibles et aggrave l'exclusion. Il faut une grande liberté, une absence totale de discrimination, pas de démagogie et beaucoup d'amour. Il faut des règles de comportement et aussi, au besoin, des interventions directes de l'État, pour corriger les disparités les plus intolérables."

Votre Sainteté, vous êtes certainement un homme de foi, touché par la grâce, animé de la volonté de relancer une Église pastorale, missionnaire, régénérée et non attachée au pouvoir temporel. Mais a' bien vous écouter et pour autant que je puisse comprendre, vous êtes et vous serez un Pape révolutionnaire. Pour moitié jésuite et pour moitié disciple de François, un alliage qui ne s'était peut-être jamais vu. Et puis, vous aimez "I Promessi Sposi"  de Manzoni, Holderlin, Leopardi et surtout Dostoevskij, le film"La strada"et"Prova d'orchestra"de Fellini,"Roma città aperta"de Rossellini et encore les films d'Aldo Fabrizi.
"Ces films me plaisent car je les regardais avec mes parents, lorsque j'étais enfant."

Voilà. Puis-je vous suggérer de voir deux films sortis depuis peu ?"Viva la libertà"et le film d'Ettore Scola sur Fellini. Je suis certain qu'ils vous plairont. À propos du pouvoir, lui dis-je, savez-vous qu'à vingt ans, j'ai fait un mois et demie d'exercices spirituels chez les jésuites ? Les nazis occupaient Rome et j'avais fui la conscription. Nous étions passibles de la peine de mort. Les jésuites nous accueillirent a' la condition que nous aurions suivi les exercices spirituels pendant toute la durée de notre séjour chez eux. Ainsi fut fait.
"Mais il est impossible de résister a' un mois et demie d'exercices spirituels", s'exclame-t-il stupéfait et amusé.

Je lui raconterai la suite la prochaine fois. Nous nous saluons par une accolade. Nous franchissons le court escalier qui mène vers le portail. Je pris le Pape de ne pas m'accompagner mais il l'exclut d'un geste. "Nous parlerons aussi du rôle des femmes dans l'Église. Je vous rappelle que l'Église est un mot féminin."

Et nous parlerons aussi, si vous le voulez bien, de Pascal. J'aimerais connaître votre pensée sur cette grande âme.
"Transmettez a' tous les membres de votre famille ma bénédiction et demandez-leur de prier pour moi. Quant a' vous, pensez a' moi souvent."

Nous nous serrons la main et il reste debout, les deux doigts levés en signe de bénédiction. Je le salue a' travers la vitre. Le Pape François, c'est tout cela. Si l'Église devient un jour ainsi qu'il la conçoit et qu'il la souhaite, une époque sera décidément révolue.

Traduzione di Isabelle Marbot-Bianchini


Envoyé de mon Ipad 

Lettre au journaliste Eugenio Scalfari du quotidien italien La Repubblica, 11 septembre 2013 - Pape François

Lettre au journaliste Eugenio Scalfari du quotidien italien 
La Repubblica, 11 septembre 2013 - Pape François
DIALOGUE OUVERT AVEC LES NON CROYANTS.
LE PAPE FRANCOIS RÉPOND AU JOURNALISTE EUGENIO SCALFARI
DU QUOTIDIEN ITALIEN « LA REPUBBLICA » :
 
Cher Monsieur Scalfari,
C'est bien cordialement que je voudrais tenter de répondre, même seulement à grands traits, à la lettre que vous avez voulu m'adresser le 7 juillet dans les pages de « La Repubblica », avec une série de réflexions personnelles, que vous avez ensuite enrichies, le 7 août, dans les pages de ce même quotidien.
Je vous remercie avant tout de l'attention que vous avez accordée à la lecture de l'Encyclique « Lumen fidei ». Celle-ci en effet, dans l'intention de mon bien-aimé prédécesseur, Benoît XVI, qui l'a conçue et rédigée en grande partie, et de qui je l'ai héritée avec gratitude, entend non seulement confirmer dans la foi en Jésus-Christ ceux qui se reconnaissent déjà en elle, mais également susciter un dialogue sincère et rigoureux avec qui, comme vous-même, se définit comme « un non croyant, intéressé et fasciné, depuis de nombreuses années, par la prédication de Jésus de Nazareth ».
C'est donc, me semble-t-il, un fait certainement positif, non seulement pour chacun d'entre nous mais également pour la société dans laquelle nous vivons, que de m'attarder à dialoguer sur une réalité aussi importante que la foi, qui se réclame de la prédication et de la figure de Jésus.
Je pense qu'il y a en particulier deux circonstances qui rendent aujourd'hui ce dialogue juste et précieux. Il représente d'ailleurs, on le sait, l'un des objectifs majeurs du Concile Vatican II, voulu par Jean XXIII, et du ministère des Papes qui, chacun selon sa sensibilité et son apport propres, ont depuis lors jusqu'à aujourd'hui marché dans le sillon tracé par le Concile.
La première circonstance – comme il est rappelé dans les premières pages de l'Encyclique – découle du fait qu'au fil des siècles de la modernité, on a assisté à un paradoxe : la foi chrétienne, dont la nouveauté et l'incidence sur la vie de l'homme ont été exprimées, dès le début, précisément par le symbole de la lumière, a souvent été taxée d'être assimilable aux ténèbres de la superstition en opposition à la lumière de la raison. Ainsi, entre l'Église et la culture d'inspiration chrétienne d'une part et la culture moderne empreinte des Lumières d'autre part, on a abouti à l'incommunicabilité. Le temps est désormais venu, et Vatican II en a précisément inauguré la saison, d'instaurer un dialogue ouvert et exempt de préjugés, susceptible de rouvrir les portes à une rencontre sérieuse et féconde.
La seconde circonstance, aux yeux de celui qui entend se montrer fidèle au don de suivre Jésus dans la lumière de la foi, découle du fait que ce dialogue n'est pas un accessoire secondaire de l'existence du croyant : il en est au contraire une expression intime et indispensable. Permettez-moi de vous citer, à cet égard, une affirmation à mon avis très importante de l'Encyclique : dès lors que la vérité dont témoigne la foi est celle de l'amour – y souligne-t-on – « il résulte alors clairement que la foi n'est pas intransigeante, mais elle grandit dans une cohabitation qui respecte l'autre. Le croyant n'est pas arrogant ; au contraire, la vérité le rend humble, sachant que ce n'est pas lui qui la possède, mais c'est elle qui l'embrasse et le possède. Loin de le raidir, la sécurité de la foi le met en route et rend possible le témoignage et le dialogue avec tous » (n° 34). Tel est l'esprit qui anime les paroles que je vous écris.
La foi, pour moi, est née de la rencontre avec Jésus. Une rencontre personnelle, qui a touché mon cœur et donné une orientation et un sens nouveau à mon existence. Mais en même temps, une rencontre qui a été rendue possible par la communauté de foi au sein de laquelle j'ai vécu et grâce à laquelle j'ai trouvé l'accès à l'intelligence de la Sainte Écriture, à la vie nouvelle qui, comme une eau jaillissante, vient de Jésus à travers les Sacrements, à la fraternité avec tous et au service des pauvres, image authentique du Seigneur. Sans l'Église – croyez-moi – je n'aurais pas pu rencontrer Jésus, même en étant conscient que ce don immense qu'est la foi est conservé dans les fragiles vases d'argile de notre humanité.
Or, c'est précisément à partir de là, de cette expérience personnelle de foi vécue au sein de l'Église, que je me sens à l'aise pour écouter vos questions et rechercher, à vos côtés, des routes au long desquelles nous pouvons, peut-être, commencer à faire un bout de chemin ensemble.
Pardonnez-moi de ne pas suivre pas à pas les argumentations que vous avancez dans votre éditorial du 7 juillet. Il me semble plus fructueux – ou tout au moins est-il plus propre à ma nature – d'aller d'une certaine façon au cœur de vos considérations. Je n'entre pas non plus dans la modalité de présentation suivie par l'Encyclique, où vous notez l'absence d'une section spécifiquement consacrée à l'expérience historique de Jésus de Nazareth.
Je me contente d'observer, pour commencer, qu'une telle analyse n'est pas secondaire. Il s'agit en effet, en suivant d'ailleurs la logique qui guide le déroulement de l'Encyclique, d'attirer l'attention sur la signification de ce que Jésus a dit et a fait, et ainsi, en définitive, sur ce que Jésus a été et est pour nous. Les Lettres de Paul et l'Évangile de Jean, auxquels il est fait particulièrement référence dans l'Encyclique, sont construits, en effet, sur le fondement solide du ministère messianique de Jésus de Nazareth parvenu à son sommet décisif dans la Pâque de sa mort et de sa résurrection.
Je dirais donc qu'il faut se confronter avec Jésus dans le concret et la rudesse de son histoire, telle qu'elle nous est racontée surtout dans le plus ancien des Évangiles, celui de Marc. Nous voyons alors que le « scandale » que la parole et la pratique de Jésus provoquent autour de lui découlent de son extraordinaire « autorité » : une parole, cette parole, attestée dès l'Évangile de Marc, mais qu'il n'est guère aisé de bien rendre en italien. Le mot grec est « exousia », qui, littéralement, renvoie à ce qui « provient de l'être » que l'on est. Il ne s'agit donc pas de quelque chose d'extérieur ou de forcé, mais de quelque chose qui émane de l'intérieur et qui s'impose à lui seul. Jésus, en effet, frappe, désoriente, innove à partir – c'est lui-même qui le dit – de sa relation avec Dieu, appelé familièrement Abbà, qui lui confie cette « autorité » pour qu'il la dispense en faveur des hommes.
Ainsi Jésus prêche « comme quelqu'un qui a autorité », il guérit, il invite les disciples à le suivre, il pardonne... toutes choses qui, dans l'Ancien Testament, sont de Dieu et uniquement de Dieu. La question, qui, à plusieurs reprises, revient dans l'Évangile de Marc : « Qui est-il celui-là qui …? » et qui concerne l'identité de Jésus, naît de la constatation d'une autorité différente de celle du monde, une autorité qui ne tend pas à exercer un pouvoir sur les autres, mais à les servir, à leur donner liberté et plénitude de vie. Et ce, jusqu'au point de mettre en jeu sa propre vie, jusqu'à faire l'expérience de l'incompréhension, de la trahison, du refus, jusqu'à être condamné à mort, jusqu'à sombrer dans l'état d'abandon sur la croix. Mais Jésus reste fidèle à Dieu, jusqu'au bout.
Et c'est précisément alors – comme le déclare le centurion romain aux pieds de la croix, dans l'Évangile de Marc – que Jésus se manifeste, paradoxalement, comme le Fils de Dieu ! Fils d'un Dieu qui est amour et qui veut, de tout son être, que l'homme, chaque homme, se découvre et vive lui aussi comme son véritable fils. Ceci, pour la foi chrétienne, est certifié par le fait que Jésus est ressuscité : non pas pour triompher sur celui qui l'a refusé, mais pour attester que l'amour de Dieu est plus fort que la mort, que le pardon de Dieu est plus fort que tout péché et qu'il vaut la peine de dépenser sa vie, à fond, pour témoigner de cet immense don.
Voici ce que croit la foi chrétienne : que Jésus est le Fils de Dieu venu pour donner sa vie afin d'ouvrir à tous la voie de l'amour. Vous avez donc raison, cher Monsieur Scalfari, quand vous voyez dans l'incarnation du Fils de Dieu le pivot de la foi chrétienne. Déjà Tertullien écrivait « caro cardo salutis » la chair (du Christ) est le pivot du salut. Parce que l'incarnation, en d'autres termes le fait que le Fils de Dieu soit venu dans notre chair et ait partagé joies et douleurs, victoires et échecs de notre existence, jusqu'au cri de la croix, en vivant toute chose dans l'amour et la fidélité à l'Abbà, témoigne de l'incroyable amour que Dieu nourrit pour chaque homme, la valeur inestimable qu'il lui reconnaît. C'est pourquoi, chacun de nous, est appelé à faire siens le regard et le choix d'amour de Jésus, à entrer dans sa façon d'être, de penser et d'agir. C'est cela la foi, avec toutes les expressions qui sont ponctuellement décrites dans l'Encyclique.
* * *
Toujours dans l'éditorial du 7 juillet, vous me demandez, en outre, comment comprendre l'originalité de la foi chrétienne dès lors qu'elle est précisément centrée sur l'incarnation du Fils de Dieu, par rapport à d'autres fois qui gravitent autour de la transcendance absolue de Dieu.
Je dirais que son originalité réside justement dans le fait que la foi nous fait participer, en Jésus, à la relation qu'il a avec Dieu qui est Abbà et, dans cette lumière, à la relation qu'il a avec tous les autres hommes, y compris ses ennemis, sous le signe de l'amour. Autrement dit, la filiation de Jésus, comme nous la présente la foi chrétienne, n'est pas révélée pour marquer une séparation insurmontable entre Jésus et tous les autres : mais pour nous dire que, en lui, nous sommes tous appelés à être enfants de l'unique Père et frères entre nous. La singularité de Jésus est pour la communication, non pour l'exclusion.
Certes, il en découle également – et ce n'est pas rien – cette distinction entre la sphère religieuse et la sphère politique qui est ratifiée par le fait de « donner à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César », clairement affirmé par Jésus et sur lequel, laborieusement, s'est construite l'histoire de l'Occident. L'Église, en effet, est appelée à semer le levain et le sel de l'Évangile, et donc l'amour et la miséricorde de Dieu qui atteignent tous les hommes, en indiquant le but définitif de notre destinée dans l'au-delà, tandis qu'à la société civile et politique revient la tâche ardue d'articuler et d'incarner dans la justice et dans la solidarité, dans le droit et dans la paix, une vie toujours plus humaine. Pour celui qui vit la foi chrétienne, ceci ne signifie pas fuite du monde ou recherche d'une quelconque hégémonie, mais service de l'homme, de l'homme tout entier et de tous les hommes, à partir des périphéries de l'histoire tout en tenant éveillé le sens de l'espérance qui incite à faire le bien malgré tout et en regardant toujours au-delà.
Vous me demandez aussi, dans la conclusion de votre premier article, ce qu'il faut dire à nos frères juifs quant à la promesse que Dieu leur a faite : a-t-elle été entièrement un échec ? C'est là – croyez-moi – une question qui nous interpelle radicalement, en tant que chrétiens, parce que, avec l'aide de Dieu, surtout à partir du Concile Vatican II, nous avons redécouvert que le peule juif est encore, pour nous, la sainte racine d'où a germé Jésus. Moi aussi, dans l'amitié que j'ai cultivée tout au long de ces années avec les frères juifs, en Argentine, bien souvent dans la prière j'ai interrogé Dieu, particulièrement quand mon esprit évoquait les souvenirs de la terrible expérience de la Shoah. Ce que je peux vous dire, avec l'apôtre Paul, c'est que jamais la fidélité de Dieu à l'alliance étroite avec Israël n'a fléchi, et que, à travers les terribles épreuves de ces siècles, les juifs ont conservé leur foi en Dieu. Et de cela, nous ne leur serons jamais suffisamment reconnaissants, en tant qu'Église, mais également en tant qu'humanité. D'ailleurs, justement en persévérant dans la foi dans le Dieu de l'alliance, ils nous rappellent à tous, à nous aussi chrétiens, que comme des pèlerins, nous sommes toujours dans l'attente du retour du Seigneur et que, donc, nous devons toujours lui être ouverts et ne jamais rester figés dans ce que nous avons déjà atteint.
J'en viens ainsi aux trois questions que vous me posez dans votre article du 7 août.
Il me semble que, dans les deux premières, ce qui vous tient à cœur c'est de comprendre l'attitude de l'Église envers celui qui ne partage pas la foi en Jésus. Avant tout, vous me demandez si le Dieu des chrétiens pardonne celui qui ne croit pas et ne cherche pas la foi. En admettant que – et c'est là la chose fondamentale – la miséricorde de Dieu n'a pas de limites si l'on s'adresse à lui d'un cœur sincère et contrit, la question pour qui ne croit pas en Dieu réside dans l'obéissance à sa propre conscience. Le péché, même pour celui qui n'a pas la foi, c'est d'aller contre sa conscience. Écouter et obéir à celle-ci signifie, en effet, se décider face à ce qui est perçu comme bien ou comme mal. Et c'est sur cette décision que se joue la nature bonne ou mauvaise de nos actions.
En deuxième lieu, vous me demandez si la pensée selon laquelle il n'existe aucun absolu et donc même pas une vérité absolue, mais uniquement une série de vérités relatives et subjectives, est une erreur ou un péché. Pour commencer, je ne parlerais pas, même pas pour celui qui croit, de vérité « absolue », en ce sens qu'absolu est ce qui est détaché, ce qui est privé de toute relation. Or, la vérité, selon la foi chrétienne, est l'amour de Dieu pour nous en Jésus-Christ. Donc, la vérité est une relation ! À tel point que même chacun de nous la saisit, la vérité, et l'exprime à partir de lui-même : de son histoire et de sa culture, du contexte dans lequel il vit, etc. Ceci ne signifie pas que la vérité soit variable et subjective, bien au contraire. Mais cela signifie qu'elle se donne à nous, toujours et uniquement, comme un chemin et une vie. Jésus lui-même n'a-t-il pas dit : « Je suis la voie, la vérité, la vie » ? En d'autres termes, dès lors que la vérité ne fait, en définitive, qu'un avec l'amour, elle exige l'humilité et l'ouverture pour être cherchée, accueillie et exprimée. Donc, il faut bien s'entendre sur les termes et, peut-être, pour sortir des goulets d'étranglements d'une opposition… absolue, reformuler la question en profondeur. Je pense que cette approche s'impose aujourd'hui pour instaurer ce dialogue serein et constructif que je souhaitais au début de mon propos.
Dans la dernière question, vous me demandez si, avec la disparition de l'homme sur la terre, la pensée capable de penser Dieu disparaîtra aussi. Certes, la grandeur de l'homme réside dans le fait de pouvoir penser Dieu. En d'autres termes, dans la possibilité de vivre une relation consciente et responsable avec lui. Mais la relation est entre deux réalités. Dieu – et c'est là ma pensée et mon expérience, mais nombreux sont ceux qui, hier et aujourd'hui, les partagent ! – n'est pas une idée, pour aussi noble qu'elle soit, fruit de la pensée de l'homme. Dieu est une réalité avec un « R » majuscule. Jésus nous le révèle – et vit la relation avec lui – comme un Père d'une bonté et d'une miséricorde infinies. Donc, Dieu ne dépend pas de notre pensée. D'ailleurs, même si la vie de l'homme sur la terre devait finir – et pour la foi chrétienne, de toute façon, ce monde, tel que nous le connaissons, est destiné à disparaître – l'homme ne cessera pas d'exister et, d'une façon que nous ignorons, également l'univers créé avec lui. L'Écriture parle de « cieux nouveaux et de terre nouvelle » et affirme que, à la fin, dans un ailleurs et dans un temps qui sont au-delà de nous, mais vers lesquels dans la foi nous tendons dans le désir et dans l'attente, Dieu sera « tout en tous ».
Cher Monsieur Scalfari, je conclus ainsi mes réflexions, suscitées par ce que vous avez bien voulu me communiquer et me demander. Accueillez-les comme une tentative de réponse provisoire, mais sincère et confiante, à l'invitation que je vous ai adressée de faire un bout de chemin ensemble. L'Église, croyez-moi, malgré toutes ses lenteurs, ses infidélités, les erreurs et les péchés qu'elle peut avoir commis et peut encore commettre en ceux qui la composent, n'a pas d'autre sens ni d'autre but que de vivre et de témoigner de Jésus : lui qui a été envoyé par l'Abbà « pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Luc 4, 18-19).
Avec ma proximité fraternelle
François


Envoyé de mon Ipad 

الأحد، 20 أكتوبر 2013

Pour fêter ses 30 ans, la télévision du Vatican se modernise | La-Croix.com


« Nous mettons l'innovation technologique au service de la nouvelle évangélisation », a expliqué Mgr Dario Edoardo Vigano, directeur général (depuis le 21 janvier 2013) du Centre de télévision du Vatican (CTV), vendredi 18 octobre, lors d'une rencontre avec l'Association de la presse étrangère. De fait, CTV est en train de moderniser ses moyens technologiques, en mettant en place notamment une plate-forme de gestion de ses contenus vidéo en HD, et bientôt en ultra-HD.
Autre opération d'envergure : la digitalisation des 20 000 cassettes (de 30 minutes chacune) de la vidéothèque, recouvrant tous les événements au Vatican depuis trente ans. C'est en effet le 22 octobre 1983, à l'initiative de Jean-Paul II, qu'avait été lancée CTV, en vue d'« une action plus efficace de l'Église en matière de communications sociales ».

22 collaborateurs

La télévision publique du Saint-Siège émettant depuis la Cité du Vatican compte 22 collaborateurs ; jusqu'en janvier dernier, elle était placée sous la responsabilité du P. Federico Lombardi, au même titre que la Salle de presse et Radio Vatican.
CTV retransmet tous les événements se déroulant au Vatican (l'Angélus, les audiences générales du mercredi matin, les différentes célébrations…), ainsi que les voyages du pape en Italie et dans le monde et les principales manifestations qui se déroulent au Saint-Siège. Des dizaines de milliers d'émissions sont reprises par les télévisions du monde entier (notamment KTO en France).
Parmi les images de CTV qui ont marqué les esprits : la rencontre de Jean-Paul II et de l'ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev en 1989, l'ouverture de la Porte du Jubilé en 2000, la sortie de l'hôpital du pape polonais alors qu'il luttait contre la mort, puis son enterrement suivi par des millions de fidèles, le départ de Benoît XVI en hélicoptère, la première apparition au balcon pontifical du pape François, ou même la mouette installée sur la fameuse cheminée de la place Saint-Pierre immortalisée sur les écrans du monde entier pendant le dernier conclave…

Des caméras au milieu de la foule

Du fait de la proximité du pape François avec les fidèles, CTV est obligée de revoir ses modes de tournage et d'adapter ses prises de vue : caméras placées au milieu de la foule, plans rapprochés sur le visage du pape, cadrages où on le voit dialoguer avec les fidèles… Tout est fait pour que le téléspectateur ressente « la grande intensité émotive des rencontres du pape », a expliqué Mgr Vigano. Il s'agit de travailler à « un renouvellement sur le plan du langage, en fonction de ce que l'on pourrait définir comme une esthétique renouvelée du direct », a encore déclaré Mgr Vigano, qui est aussi spécialiste de la communication et du cinéma et enseigne la théologie de la communication dans deux universités de Rome.
Dans un message transmis vendredi aux responsables de CTV, « pèlerins de la communication », le pape François a salué leur contribution pour « rapprocher l'Église du monde et faire parvenir les paroles du pape à des millions de catholiques, y compris là où professer sa foi est un choix courageux ».
CLAIRE LESEGRETAIN (avec AFP)


Envoyé de mon Ipad 

الأربعاء، 16 أكتوبر 2013

Internet. Le pape lance le ".vatican" - Paris Match


Internet. Le pape lance le ".vatican"



Décidément sur tous les fronts, le pape François est à la tête d'une petite révolution sur Internet en lançant un nouveau suffixe de noms de domaine: «.vatican». Décliné en quatre langues, il sera utilisé pour 1400 nouveaux sites d'ici la fin de l'année et plus de 100 000 dans les cinq ans à venir. 


Envoyé de mon Ipad 

الجمعة، 11 أكتوبر 2013

La révolution de la miséricorde - Edito - La Vie


Rappel: La révolution de la miséricorde

L'Esprit saint, dans son insondable fantaisie, aurait-il poussé les cardinaux à élire un pape anticlérical ?
On peut se poser la question après avoir attentivement lu les deux discours tenus devant les épiscopats brésilien et latino-américain à l'occasion des JMJ. Caustique, tonique, critique, François se veut sans illusion ni concession. L'Argentin ne fait pas dans cette dentelle que chérissait le Bavarois. Il administre le bois vert à la volée, quoique méthodiquement, de haut en bas et de gauche à droite. Et c'est l'Église qui en fait les frais, pas le monde. De longue date, on s'était habitué à ce que les papes dénoncent « l'idéologisation du message évangélique » et une action sociale qui oublie l'annonce de la foi. Voici que François rejette avec la même vigueur le « cléricalisme » ; qu'il se moque d'une Église oubliant d'être servante pour se faire « contrôleuse » ; qu'il pourfend le rêve d'une « restauration », ce recours trompeur à « des conduites et des formes dépassées qui n'ont pas même culturellement la capacité d'être significatives ».

Aussi amusant qu'il soit, ce nouveau catalogue des tentations pourrait sembler stérile. Mais non. Car ce pape a bel et bien une vision. Et cette vision, qu'il développe par petites touches dans ses homélies quotidiennes de la Casa Santa Marta, au Vatican, il lui a donné à Rio une véritable cohérence. Mais aussi une force capable de secouer trois millions de personnes réunies sur la plage de Copacabana et de bousculer à distance ce gros milliard de paroissiens dont il se veut le curé.

Le pape François renoue explicitement avec les grandes intuitions
qui ont marqué le pontificat de Paul VI, voici un demi-siècle. Des premiers mots de Gaudium et Spes, le texte le plus aimé et le plus controversé du concile Vatican II, il veut faire « la base du dialogue » avec le monde. Ces mots célèbres, les voici : « Les joies et les espérances, les tristesses et les angoisses des hommes de notre temps, surtout des pauvres et de ceux qui souffrent, sont, à leur tour, joies et espérances, tristesses et angoisses des disciples du Christ. » Comme Paul VI, François croit en une Église qui se ferait « conversation avec le monde » au lieu de le condamner ou de s'en éloigner avec horreur. Mais il ajoute sa touche propre. Aux « pastorales disciplinaires qui privilégient les principes, les conduites, les procédures organisatrices », cet homme charnel et tactile sous ses dehors ascétiques entend opposer la « caresse » évangélique et la « révolution de la tendresse ». De la tête, le catholicisme redescend au cœur et au corps. Il faut, dit son chef, « une Église capable de redécouvrir les entrailles maternelles de la miséricorde ».

Que l'on ne s'y trompe pas ! De même que cet anticléricalisme virulent sert un grand projet d'évangélisation, la révolution de la miséricorde sera une révolution missionnaire ou ne sera pas. Le pape en appelle à « une Église qui n'a pas peur de sortir dans la nuit » pour répondre aux questions existentielles de l'homme contemporain et l'aider à oser à nouveau croire. L'annonce de la foi ne peut plus se faire passivement et abstraitement, en attendant les bras croisés dans les sacristies et les presbytères. Il est temps de sortir et d'agir pour parler à ceux qui n'ont rien entendu depuis longtemps, mais qui ont pourtant une oreille. « Allez, sans peur, pour servir ! » a lancé François aux jeunes. Ce message simple, explicite, direct, chaque catholique doit l'entendre. Et chaque chrétien peut le faire sien, quelle que soit son Église.

Envoyé de mon Ipad 

الخميس، 10 أكتوبر 2013

Les jeunes d'Argentine mettent vraiment la pagaille


Le sanctuaire de Lujan pris d'assaut, le pape pris au mot
H. Sergio Mora
ROME, 10 octobre 2013 (Zenit.org) - D'après le P. Daniel Blanchoud, curé et recteur de la basilique Notre-Dame de Lujan, l'invitation du pape François  à « mettre la pagaille », lors des Journées mondiales de la jeunesse à Rio, a eu un fort impact sur le pèlerinage de centaines de milliers de jeunes Argentins qui, dimanche 6 octobre 2013, se sont rendus au sanctuaire marial.
Le sanctuaire de Notre Dame de Lujan, sainte patronne de l'Argentine, est situé à 70 km de Buenos Aires.
Pour le P. Blanchoud, « la rencontre de Rio a été pour les jeunes une grande expérience d'Eglise et, quand le pape leur a dit : 'Mettez la pagaille', ils ont écouté et ont mis la pagaille, dans le meilleur sens du terme. Ils ont secoué les communautés paroissiales, les associations et mouvements qui étaient restés un peu statiques ».
« J'ose dire non seulement à Lujan mais aussi, il y a deux semaines, à la manifestation de saint Nicolas où ils étaient une multitude, et peu de temps auparavant, à celle de Salta. Partout où il y a une manifestation, les jeunes accourent en masse », a-t-il ajouté.
Dans un entretien téléphonique avec Zenit, le recteur a précisé que ces jeunes réunis à Lujan se préparent à la veillée de prière « avec Marie au-delà de la nuit » qui aura lieu place Saint-Pierre, samedi 12 octobre, au pied de la statue de Notre-Dame de Fatima, en liaison directe avec 10 sanctuaires mariaux du monde entier.
Le lendemain, dimanche 13 octobre, le pape consacrera le monde au Cœur immaculée de Marie, devant la statue qui sera transférée du sanctuaire portugais au Vatican pour l'occasion.
« Le samedi 12, le sanctuaire de Lujan sera l'un des 10 sanctuaires des cinq continents reliés au Divin Amour à Rome », et « beaucoup de personnes participeront à la veillée dans la cathédrale, d'autres en se branchant à une antenne qui transmettra l'événement en direct », explique le P. Blanchoud.
Le recteur précise également que « chacun des dix sanctuaires prieront une partie des cinq mystères du rosaire », et qu'au sanctuaire de Lujan reviendra le Notre Père et cinq Ave Maria du dernier mystère, selon des indications reçues de Rome. Ce moment sera présidé par l'archevêque, Mgr Agustin Radrizzani, entre 14h et 17h de l'après-midi, à cause du décalage horaire.
Le P. Blanchoud diagnostique une véritable « franciscomanie » chez les Argentins, pour lesquels Rome est désormais proche : « Il ne se passe pas un jour sans que quelqu'un vienne me dire : « je pars à Rome, vous avez besoin que j'apporte quelque chose ? ».
Après l'élection du pape, « beaucoup ont confié durant les confessions qu'ils étaient revenus au sacrement de réconciliation après le geste du pape », qui a demandé à la foule de prier pour lui, place Saint-Pierre.
« Une femme m'a dit aussi : « Je ne perds rien du pape ». Nous avons ses homélies, il y a plus de communication et on en sait plus sur ce que dit le pape », a indiqué le P. Blanchoud.
Traduction d'Océane Le Gall

الخميس، 3 أكتوبر 2013

promouvoir l'harmonie entre foi et raison, vérité et liberté

Message du pape François à la plénière du CCEE
Anne Kurian
ROME, 3 octobre 2013 (Zenit.org) - Le pape François encourage le Conseil des conférences épiscopales d'Europe (CCEE) à promouvoir « une culture qui relie foi et raison, vérité et liberté, en constante harmonie ».
L'Assemblée plénière annuelle des présidents des Conférences épiscopales d'Europe (3-6 octobre) s'est ouverte aujourd'hui en Slovaquie, à Bratislava, à l'occasion du 1150ème anniversaire de l'arrivée des saints Cyrille et Méthode.
Un message du pape, envoyé par son secrétaire d'État, le cardinal Tarcisio Bertone et adressé au cardinal Péter Erdö, archevêque d'Esztergom-Budapest et président du CCEE, a été lu à l'ouverture de l'Assemblée.
Le pape François y exprime son appréciation et sa proximité envers le travail des Conférences épiscopales en Europe. Il témoigne de sa reconnaissance pour « leur contribution » et leur « service du peuple », à travers « une réflexion sur le thème de la laïcité » et « la promotion d'une culture qui relie foi et raison, vérité et liberté, en constante harmonie ».
Adressant ses « salutations cordiales » à tous les participants, il invoque une « grâce abondante » sur les pasteurs des Églises en Europe et sur leur ministère.
La présidence du CCEE avait rencontré le pape François en audience privée le 9 mai 2013.

La liberté d'expression du pape secoue l'Église - Le Point

La liberté d'expression du pape secoue l'Église
Le pape François s'exprime librement dans la presse.
Le pape François risque d'apparaître "relativiste" - enclin à ne pas donner une valeur absolue aux dogmes -, dans son interview au quotidien Repubblica, estimaient mercredi des experts du Vatican, décelant un malaise à propos de sa liberté d'expression. La conférence de presse convoquée par le père Federico Lombardi pour évoquer le "G8" des cardinaux sur la réforme de l'Église s'est rapidement transformée mercredi en un tir nourri de questions sur les modalités dans lesquelles cette interview a été réalisée par le fondateur athée du journal Eugenio Scalfari, le niveau de fiabilité des propos du pape, la fidélité des phrases rapportées.
L'Église doit renforcer son dialogue avec les non croyants, affirmait en substance le pape François dans ce dialogue. Mais il accusait aussi les chefs de l'Église d'avoir "été souvent narcissiques", confiait se sentir parfois "anticlérical". Deux passages surtout ont ému dans les milieux catholiques : quand il a dit que "le prosélytisme est une bêtise", ou quand il a donné l'impression de relativiser la vérité chrétienne : "Chacun de nous, a argumenté le pape, a sa vision du bien et aussi du mal (...). Chacun doit choisir de suivre le bien et combattre le mal comme lui le conçoit. Cela suffirait pour améliorer le monde."

Une interview "fidèle"

Pressé de questions, le père Lombardi a relevé que cette interview n'est pas "un texte du magistère, mais une transcription d'une conversation avec une personne qui a été autorisée à la publier". Le porte-parole part du principe qu'elle "a été enregistrée" et qu'elle "est fidèle".
Selon le père jésuite, le pape inaugure "un nouveau mode d'expression auquel nous n'étions pas habitués. C'est une autre nouveauté du pape, un terrain nouveau". Cette interview "sans préjugés ni filtres démontre sa disponibilité à l'égard d'un monde non croyant pas toujours bienveillant", a-t-il dit. "Il n'y a pas eu une révision du texte" avant sa publication, François "ne l'ayant pas relu" comme il avait relu sa longue interview à la revue jésuite Civilta Cattolica, deux semaines plus tôt, a dit le père Lombardi.
"Il n'y a eu aucune raison d'apporter des corrections. Si le pape avait eu l'intention de démentir ou de dire qu'il y avait eu de mauvaises interprétations, il l'aurait dit", a remarqué le porte-parole. Le fait qu'elle ait ensuite été rapportée par le quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, "lui attribue une authenticité".

Envoyé de mon Ipad 

LeTemps.ch | La Croix / Le "G8" des cardinaux évoque une refonte de la Curie romaine

3/10/2013-Le "G8" des cardinaux évoque une refonte de la Curie romaine

Cité du Vatican Le "G8" des cardinaux conseillers du pape s'oriente vers une refonte profonde de la Curie, a annoncé jeudi le Vatican. Et pas uniquement de simples retouches du document officiel qui règle son fonctionnement.
Dans une conférence de presse au dernier jour des consultations à huis clos entre les huit cardinaux et le pape François, le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a précisé que la refonte du gouvernement de l'Eglise, la Curie, ainsi que le rôle du Secrétairerie d'Etat (services du Premier ministre) et le rôle des laïcs, avaient figuré parmi les grands thèmes abordés. Ces organes étaient critiqués pour leur centralisme et leur opacité.
Nouvelle orientation
"Il s'agit d'un projet d'une Curie qui soit au service de l'Eglise universelle et des Eglises locales, respectant le principe de subsidiarité. Ce sera une configuration nouvelle sur des points importants", a-t-il expliqué. Les huit cardinaux "ne sont pas à Rome pour décider de faire de deux dicastères un seul, ou de donner un autre nom à une institution du Saint-Siège", a insisté le père Lombardi.
Concernant la Secrétairerie d'Etat, souvent perçue comme un véritable Etat dans l'Etat, le père Lombardi a expliqué qu'elle "devra être à l'avenir un secrétariat du pape à tous ses effets".
Les conseils des cardinaux sont "utiles au Saint-Père, au moment où il s'apprête à donner des orientations au nouveau secrétaire d'Etat", Mgr Pietro Parolin, qui entrera en fonctions le 15 octobre.
Laïcs évoqués
Le rôle des laïcs a fait également l'objet d'une "attention spécifique", et "on peut s'attendre dans l'avenir à des nouveautés", a expliqué le porte-parole, mais sans spécifier lesquelles.
La prochaine réunion du "G8" devrait se tenir en janvier-février. Tous ces dossiers feront alors l'objet de décisions du pape. Le Saint-Père, dans une interview publiée mardi par le quotidien "La Repubblica", avait personnellement jugé la Curie trop "vaticano-centriste" et avait affirmé sa volonté d'y remédier.

Envoyé de mon Ipad 

Le pape François, un « bon sujet » pour les médias | La-Croix.com

Le pape François, un « bon sujet » pour les médias | La-Croix.com

Cette semaine, cinq pages dans Libération et une ouverture de rubrique dans 20 minutes consacrée à la place des divorcés remariés dans l'Église, et chaque jour – ou presque – quelques minutes à la radio comme à la télévision… Nul décompte officiel quant à la couverture du pape dans les médias, mais il semble bien qu'elle soit en nette hausse par rapport à celle de son prédécesseur. S'ils en conviennent, les médias généralistes insistent d'abord sur le fait que l'activité du pape est une « actualité comme une autre » et que ce surcroît d'importance tient avant tout à l'augmentation de ses interventions publiques… Seule chaîne de télévision française à disposer encore d'un bureau à Rome, France 2 assure un « suivi naturel dans le cadre d'une chaîne de service public », précise Renaud Bernard, son correspondant. « BFM-TV est une chaîne généraliste, mais quand une "actualité pape" a une résonance pour la majorité de nos concitoyens, elle la couvre », confirme Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d'info en continu. Si 20 Minutes a « choisi de traiter le sujet des divorcés remariés, indique sa rédactrice en chef adjointe Armelle Le Goff, c'est qu'il peut intéresser beaucoup plus largement que les catholiques, qui représentent très peu de gens aujourd'hui ».
Sur la forme, le pape François – intentionnellement ou non – maîtrise mieux les codes. « Ses coups de fil à des inconnus, ses tweets, sa façon d'aller vers les gens sont autant d'occasion de parler de lui », relève ainsi Catherine Mangin, directrice de la rédaction de RTL, pour qui le pape est un excellent « chroniqueur de l'actualité ».

« Dans un climat médiatique lourd, il y a quelque chose d'apaisant à l'entendre »

Au-delà, les médias ne nient pas une part de subjectivité dans leur traitement du Vatican. En l'occurrence, la personnalité du pape, les sujets qu'il aborde, ainsi que la simplicité de son discours jouent en sa faveur. « François, vu le style du bonhomme, est un bon, un merveilleux sujet », résume Fabien Roland Lévy, chef du service société au Point. « Il a une vraie popularité et apporte un grand bol d'air pour l'Église en renvoyant une image qui plaît aux non-croyants », appuie sa consœur de L'Express, Claire Chartier. Pour Céline Pigalle, la directrice de la rédaction d'iTélé, le pape François a le double mérite d'incarner « une forme de modernité, et de nous ramener à des valeurs fondamentales dont on n'entend plus parler par quiconque ». « Dans un climat médiatique lourd, il y a quelque chose d'apaisant à l'entendre », glisse-t-elle. En creux, ces professionnels reconnaissent leur difficulté à appréhender « la complexité » de son prédécesseur…
Pour François Sergent, directeur adjoint de la rédaction de Libération, l'engouement ne devrait sans doute pas atteindre celui des premières années du pontificat de Jean-Paul II : « François n'a pas le côté athlète de Dieu et le contexte historique est très différent » – mais le personnage interroge, au-delà même de « la 4L, du tutoiement » et autres « gadgets » : « Qu'il vive autrement, qu'il soit différent est un signe. Je pense que ça reflète autre chose de plus profond. Même s'il y a encore des résistances, chez nous, tout le monde reconnaît qu'on devait le traiter, ce pape ».
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Envoyé de mon Ipad