الأربعاء، 24 يونيو 2015

Travail : "Osez, soyez courageux et créatifs!



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Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 21 juin 2015 18:31:23 UTC+3
Travail : "Osez, soyez courageux et créatifs!"

Au premier jour de sa visite pastorale à Turin, ce 21 juin 2015, le pape rencontre le monde du travail, qu'il encourage à dépasser la crise avec créativité, en incluant les jeunes et les séniors.

Anne Kurian

Rome, (ZENIT.org)

« Courage !... osez, soyez courageux, allez de l'avant, soyez créatifs, soyez "artisans" tous les jours, artisans du futur ! » : c'est l'exhortation du pape François au monde du travail, au premier jour de sa visite pastorale à Turin, ce 21 juin 2015.

Le pape est en effet pour deux jours dans la capitale du Piémont – terre de ses ancêtres – à l'occasion de l'Ostension du Saint-Suaire et du bicentenaire de la naissance de saint Jean Bosco.

Il avait rendez-vous dès son arrivée avec le monde du travail, à 8h40, sur la Piazzetta Reale. Après le témoignage d'un ouvrier, d'un agriculteur et d'un entrepreneur, le pape a exprimé « sa proximité aux jeunes sans travail, aux personnes au chômage partiel ; mais aussi aux entrepreneurs, artisans et travailleurs… surtout ceux qui peinent le plus ».

« Le travail n'est pas nécessaire seulement pour l'économie, mais pour la personne humaine, pour sa dignité, pour sa citoyenneté et pour l'inclusion sociale », a-t-il affirmé.

Évoquant la crise actuelle, il a appelé à « dire "non" à une économie du rebut, "non" à l'idolâtrie de l'argent, "non" à la corruption, "non" aux complicités mafieuses, à l'escroquerie, à l'iniquité qui génère la violence ».

« Le spectacle actuel, où les êtres humains sont traités comme des marchandises, fait pleurer !... On exclut les enfants (natalité zéro !), on exclut les personnes âgées, et à présent on exclut les jeunes (plus de 40% sont au chômage) ! », a-t-il dénoncé.

Le pape a appelé à « investir avec courage dans la formation, à mettre en œuvre un "pacte social et générationnel" », c'est-à-dire à « mettre les ressources à disposition, dans la perspective de "faire ensemble" » et à « réactiver une solidarité entre les générations, retrouver la confiance entre jeunes et adultes ».

« Une crise ne peut être dépassée sans les jeunes, les enfants et les plus âgés... Les enfants et les séniors sont la richesse et la promesse d'un peuple », a-t-il insisté.

Le pape a aussi lancé un appel en faveur de la protection des droits des femmes, « qui tout en portant le soin des foyers, des enfants et des plus âgés, sont encore discriminées, y compris dans le travail ».

« Courage !... osez, soyez courageux, allez de l'avant, soyez créatifs, soyez "artisans" tous les jours, artisans du futur ! », a-t-il conclu.

Après la rencontre, le pape a traversé la place pour rejoindre la cathédrale, où il a vénéré le Saint-Suaire.

الثلاثاء، 23 يونيو 2015

"Le monde du travail devrait être en attente des jeunes



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Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 23 juin 2015 01:00:55 UTC

"Le monde du travail devrait être en attente des jeunes !"

Traduction intégrale du discours au pape François aux membres de la Fédération nationale italienne des Chevaliers du Travail.

Rédaction

Rome, (ZENIT.org)

« Le monde du travail devrait être en attente des jeunes préparés et désireux de s'impliquer et de se révéler ». Sinon, il « prive les jeunes d'un élément essentiel pour leur réalisation et [il prive] l'économie de l'apport des forces les plus fraîches », déclare le pape en recevant les membres de la Fédération nationale italienne des Chevaliers du Travail, samedi dernier, 20 juin 2015, au Vatican.

Le pape a souligné la portée sociale du travail : « la capacité d'impliquer les personnes et de confier des responsabilités, de manière à stimuler l'entreprise, la créativité, l'engagement ». Une capacité qui « a des effets positifs sur les nouvelles générations » et offre « des espérances pour le futur ».

« L'économie ne concoure à un authentique développement que si elle s'enracine dans la justice et dans le respect de la loi, si elle ne marginalise pas les individus et les peuples, si elle se tient loin de la corruption et de la malhonnêteté, et ne néglige pas de préserver l'environnement naturel », a-t-il ajouté.

A.K.

Discours du pape François

Je suis heureux de vous accueillir pour cette audience spéciale qui m'offre l'opportunité de rencontrer quelques représentants qualifiés du monde du travail en Italie. En particulier je salue et remercie votre Président pour ses aimables paroles.

L'attribution de l'Ordre « du Mérite du Travail » constitue depuis plus de cent ans, de la part de l'État, une importante reconnaissance pour ceux qui comme vous, vous êtes distingués dans le monde entrepreneurial et économique, contribuant à créer du travail et à faire croître la valeur des produits italiens dans le monde. Cette œuvre, pour laquelle vous avez été décorés de la plus haute distinction, est plus que jamais précieuse dans un temps – le nôtre – qui à la suite de la crise économico-financière a connu une lourde stagnation et même une vraie récession, dans un contexte social déjà marqué par les ruptures et par le chômage, en particulier celui des jeunes.

Ce dernier en particulier est une vraie plaie sociale, en ce qu'il prive les jeunes d'un élément essentiel pour leur réalisation et le monde économique de l'apport des forces les plus fraîches. Le monde du travail devrait être en attente des jeunes préparés et désireux de s'impliquer et de se révéler. Au contraire en ces années, ils sont souvent reçu le message qu'on n'a pas besoin d'eux. Ceci est le symptôme d'un dysfonctionnement grave, qu'on ne peut pas seulement attribuer à des causes de niveau global ou international.

Le bien commun, fin ultime de la cohabitation, ne peut être atteint par une simple augmentation des gains ou de la production, mais il a comme présupposé indispensable l'implication active de tous les sujets qui composent le corps social. L'enseignement social de l'Église rappelle continuellement ce critère fondamental : que l'être humain est au centre du développement, et tant que les hommes et les femmes seront passifs ou marginalisés, le bien commun ne peut se considérer pleinement atteint. Vous vous êtes distingués parce que vous avez osé et risqué, vous avez investi en idées, énergie et capitaux, en les faisant fructifier, en confiant des tâches, en réclamant des résultats et en contribuant à rendre les autres plus entreprenants et collaboratifs. Voilà la portée sociale du travail : la capacité d'impliquer les personnes et de confier des responsabilités, de manière à stimuler l'entreprise, la créativité, l'engagement. Cela a des effets positifs sur les nouvelles générations et fait en sorte qu'une société recommence à regarder de l'avant, offrant des perspectives et des opportunités, et ainsi des espérances pour le futur.

Une proposition louable de votre Fédération Nationale est que ses membres mettent en évidence, outre le rôle social du travail, sa portée éthique. En fait, l'économie ne concoure à un authentique développement que si elle s'enracine dans la justice et dans le respect de la loi, si elle ne marginalise pas les individus et les peuples, si elle se tient loin de la corruption et de la malhonnêteté, et ne néglige pas de préserver l'environnement naturel. La pratique de la justice – les textes bibliques nous l'enseignent avec sagesse – ne se limite pas à s'abstenir de l'iniquité ou à observer des lois (même si ceci est déjà beaucoup !), mais va même plus loin. Est vraiment juste celui qui, outre respecter les règles, agit avec conscience et intérêt pour le bien de tous, plutôt que pour soi-même. Est juste celui qui prend à cœur le sort des moins avantagés et des plus pauvres, qui ne se lasse pas d'agir et qui est prêt à inventer des chemins toujours nouveaux. L'usage de la justice, dans le plein sens du terme, est celui que nous souhaitons pour tous les opérateurs économiques et pour tous les citoyens.

Avec de tels souhaits, j'invoque pour vous, vos familles et vos activités, l'intercession de saint Benoît de Nursie, Patron de Chevaliers du Travail, et de tout cœur je vous bénis. S'il vous plaît n'oubliez pas de prier pour moi.

Traduction de Zenit, Hugues de Warren

Le travail nécessaire à l’inclusion sociale



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Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 23 juin 2015 01:00:55 UTC+3
Le travail nécessaire à l'inclusion sociale

Traduction intégrale du discours du pape François sur le travail, à Turin, dimanche matin, 21 juin.

Anita Bourdin

Rome, (ZENIT.org)

« Le travail n'est pas seulement nécessaire à l'économie, mais à la personne humaine, à sa dignité, à sa citoyenneté et aussi à l'inclusion sociale », déclare le pape François lors de sa rencontre avec le monde du travail, à Turin, dimanche.

A l'occasion de la visite pastorale du pape François à Turin pour l'ostension du Saint-Suaire et pour le bicentenaire de la naissance de saint Jean Bosco (21-22 juin 2015), le pape a commencé ses rendez-vous par une rencontre le monde du travail, sur la Piazzetta Reale de Turin.

Le pape a exhorté à des décisions courageuses et solidaires : « Il est nécessaire que la société tout entière, dans toutes ses composantes, collabore pour qu'il y en ait pour tous et que ce soit un travail digne de l'homme et de la femme. »

Il a évoqué la situation tragique des immigrés : « L'immigration accentue la concurrence, mais les migrants ne doivent pas être accusés, parce qu'ils sont eux aussi victimes de l'iniquité, de cette économie qui écarte, et des guerres. Le spectacle de ces jours-ci, où les êtres humains sont traités comme de la marchandise, donne envie de pleurer ! »

Il a appelé à " dire « non » à l'iniquité qui génère la violence".

Le pape a quitté la Maison Sainte-Marthe du Vatican, dimanche matin, 21 juin, à 6h30 et il s'est rendu en voiture à l'aéroport de Ciampino d'où il s'est envolé à 7 heures en direction de Turin.

À son arrivée à l'aéroport de Turin-Caselle, le pape a été accueilli par l'archevêque de Turin, Mgr Cesare Nosiglia, ainsi que par l'évêque auxiliaire Mgr Guido Fiandino, le président de la Région du Piémont, Sergio Chiamparino, le préfet de Turin, Madame Paola Basilone et le maire de la ville, Piero Fassino. Parmi les autres personnes présentes : le maire de Caselle, Luca Baracco et le curé de cette ville, le P. Claudio Giai Gischia ainsi que le directeur de l'aéroport, Alberto Lelli.

Le pape François s'est ensuite rendu sur la Piazzetta Reale de Turin où il a rencontré le monde du travail à 8h40.

Après les discours de salutations d'un ouvrier, d'un agriculteur et d'un chef d'entreprise, le pape a prononcé le discours suivant :

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je vous salue tous, travailleurs, chefs d'entreprise, autorités, jeunes et familles présents à cette rencontre ; je vous remercie pour vos interventions, d'où émerge votre sens des responsabilités devant les problèmes causés par la crise économique, et pour avoir témoigné que la foi dans le Seigneur et l'unité de la famille vous sont une grande aide et un soutien.

Ma visite à Turin commence avec vous. Et j'exprime avant tout ma proximité à l'égard des jeunes au chômage, des personnes qui ont été licenciées ou qui sont en situation de précarité ; mais aussi à l'égard des chefs d'entreprise, des artisans et de tous les travailleurs des divers secteurs, surtout ceux qui ont plus de difficultés à s'en sortir.

Le travail n'est pas seulement nécessaire à l'économie, mais à la personne humaine, à sa dignité, à sa citoyenneté et aussi à l'inclusion sociale. Turin est historiquement un pôle d'attraction professionnelle, mais qui souffre beaucoup de la crise : le travail manque, les inégalités économiques et sociales ont augmenté, beaucoup de personnes sont devenues plus pauvres et ont des problèmes de logement, de santé, d'instruction et manquent des biens de première nécessité. L'immigration accentue la concurrence, mais les migrants ne doivent pas être accusés, parce qu'ils sont eux aussi victimes de l'iniquité, de cette économie qui écarte, et des guerres. Le spectacle de ces jours-ci, où les êtres humains sont traités comme de la marchandise, donne envie de pleurer !

Dans cette situation, nous sommes appelés à redire notre « non » à une économie du déchet, qui demande de se résigner à l'exclusion de ceux qui vivent dans la pauvreté absolue – à Turin, un dixième environ de la population. On exclut les enfants (natalité zéro !), on exclut les personnes âgées, et maintenant on exclut les jeunes (plus de 40% des jeunes au chômage). On exclut celui qui ne produit pas, à la manière dont on « jette après usage »

Nous sommes appelés à redire notre « non » à l'idolâtrie de l'argent, qui pousse à faire partie à tout prix du petit nombre de ceux qui s'enrichissent, malgré la crise, sans se soucier de tous ceux qui s'appauvrissent, parfois jusqu'à souffrir de la faim.

Nous sommes appelés à dire « non » à la corruption si répandue, qui semble être une attitude, un comportement normal. Mais pas par des paroles, par des actes ! « Non » aux collusions mafieuses, aux escroqueries, aux dessous-de-table, et à ce genre de choses.

Et c'est seulement ainsi, en unissant nos forces, que nous pouvons dire « non » à l'iniquité qui génère la violence. Don Bosco nous enseigne que la meilleure méthode est préventive : on peut aussi prévenir le conflit social et cela passe par la justice.

Dans cette situation, qui n'est pas seulement propre à  Turin, à l'Italie, qui est mondiale et complexe, on ne peut pas seulement attendre la « reprise » - « nous attendons la reprise… ». Le travail est fondamental – c'est ce que déclare d'emblée la Constitution italienne – et il est nécessaire que la société tout entière, dans toutes ses composantes, collabore pour qu'il y en ait pour tous et que ce soit un travail digne de l'homme et de la femme. Cela exige un modèle économique qui ne soit pas organisé en fonction du capital et de la production, mais plutôt en fonction du bien commun. Et à propos des femmes – vous en avez parlé [une femme a témoigné parmi les trois travailleurs] – leurs droits doivent être protégés avec force parce que les femmes, qui portent pourtant le plus grand poids avec le souci de la maison, des enfants et des grands-parents, sont encore discriminées, y compris au travail.

C'est un défi très exigeant, à affronter avec solidarité et un regard large ; et Turin est appelée à être encore une fois protagoniste d'une nouvelle saison du développement économique et social, avec sa tradition dans le secteur de la transformation et de l'artisanat – pensons, dans le récit biblique, que Dieu a justement fait un travail d'artisan… Vous êtes appelés à cela : le secteur de la transformation et l'artisanat – et en même temps, dans la recherche et l'innovation.

Il faut pour cela investir courageusement dans la formation, en cherchant à inverser la tendance qui a vu baisser ces derniers temps le niveau moyen d'instruction, et beaucoup de jeunes abandonner l'école. Vous [s'adressant à la femme qui a témoigné] allez à l'école le soir, pour pouvoir avancer…

Aujourd'hui, je voudrais unir ma voix à celle de tous les travailleurs et chefs d'entreprise pour demander que puisse être mis en œuvre un « pacte social et générationnel », comme l'a montré l'expérience de l' « Agora » que vous vivez dans le territoire du diocèse. Mettre à disposition des données et des ressources, dans la perspective de « faire ensemble », est une condition préliminaire pour dépasser la situation difficile actuelle et pour construire une identité nouvelle et adaptée aux temps et aux exigences de votre territoire. Le temps est venu de réactiver une solidarité entre les générations, de retrouver la confiance entre les jeunes et les adultes. Cela implique aussi d'ouvrir des possibilités concrètes de crédit pour de nouvelles initiatives, de stimuler une orientation et un accompagnement constants au travail, de soutenir l'apprentissage et le lien entre les entreprises, l'école professionnelle et l'université.

J'ai beaucoup aimé que vous ayez tous les trois parlé de la famille, des enfants et des grands-parents. N'oubliez pas cette richesse ! Vos enfants sont la promesse à encourager : ce travail que vous avez indiqué, que vous avez reçu de vos ancêtres. Et les personnes âgées sont la richesse de la mémoire. Une crise ne peut être dépassée, nous ne pouvons pas sortir de la crise sans les jeunes, les adolescents, les enfants et les grands-parents. La force de l'avenir et la mémoire du passé qui nous montre où il faut aller. Ne négligez pas cela, s'il vous plaît ! Les enfants et les grands-parents sont la richesse et la promesse d'un peuple.

À Turin et sur son territoire, il existe encore de remarquables potentialités à investir pour la création du travail : l'assistance est nécessaire, mais cela ne suffit pas ; il faut une promotion, qui génère la confiance dans l'avenir.

Voilà l'essentiel de ce que je voulais vous dire. J'ajoute un mot mais je ne voudrais pas que ce soit de la rhétorique, s'il vous plaît : Courage ! Cela ne signifie pas : Patience, résignez-vous ! Non, non, ce n'est pas cela. Au contraire, cela signifie : osez, soyez courageux, allez de l'avant, soyez créatifs, soyez des « artisans » tous les jours, des artisans de l'avenir ! Avec la force de cette espérance que nous donne le Seigneur et qui ne déçoit jamais. Mais qui a aussi besoin de notre travail. Je prie pour cela et je vous accompagne de tout cœur. Que le Seigneur vous bénisse tous et que la Vierge Marie vous protège. Et, s'il vous plaît, je vous demande de prier pour moi ! Merci !

© Traduction de Zenit, Constance Roques

Edgar Morin : « L’encyclique Laudato Si’ est peut-être l’acte 1 d’un appel pour une nouvelle civilisation » | La-Croix.com - Actualité

Edgar Morin : « L'encyclique Laudato Si' est peut-être l'acte 1 d'un appel pour une nouvelle civilisation » | La-Croix.com - Actualité
Edgar Morin : « L'encyclique Laudato Si' est peut-être l'acte 1 d'un appel pour une nouvelle civilisation »

Vous n'avez pas hésité, après l'avoir lu, à qualifier l'encyclique Laudato si' (La Croix du 19 juin) de providentielle. Qu'est-ce à dire ?

Edgar Morin : Providentielle, non pas dans le sens de la divine providence ! Mais nous vivons dans une époque de désert de la pensée, une pensée morcelée où les partis qui se prétendent écologistes n'ont aucune vraie vision de l'ampleur et de la complexité du problème, où ils perdent de vue l'intérêt de ce que le pape François dans une merveilleuse formule reprise de Gorbatchev appelle « la maison commune ». Or cette même préoccupation d'une vue complexe, globale, au sens où il faut traiter les rapports entre chaque partie, m'a toujours animé (2).

Dans ce « désert » actuel, donc, voilà que surgit ce texte que je trouve tellement bien pensé, et qui répond à cette complexité ! François définit « l'écologie intégrale », qui n'est surtout pas cette écologie profonde qui prétend convertir au culte de la Terre, et tout lui subordonner. Il montre que l'écologie touche en profondeur nos vies, notre civilisation, nos modes d'agir, nos pensées.

Plus profondément, il critique un paradigme « techno-économique », cette façon de penser qui ordonne tous nos discours, et qui les rend obligatoirement fidèles aux postulats techniques et économiques pour tout résoudre. Avec ce texte, il y a à la fois une demande de prise de conscience, une incitation à repenser notre société, et à agir. C'est bien le sens de providentiel : un texte inattendu, et qui montre la voie.

> Lire également : Des encycliques en réponse aux crises de leur temps

Vous y retrouvez une perspective humaniste de l'écologie ?

E. M. : Oui, car à travers cette notion d'écologie intégrale, l'encyclique invite à prendre en compte toutes les leçons de cette crise écologique. Mais là aussi, à condition de préciser la notion d'humanisme, qui a un double sens. D'ailleurs, c'est ce que François dit dans son discours. Il critique une forme d'anthropocentrisme.

Il existe en effet un humanisme anthropocentriste, qui met l'homme au centre de l'univers, qui fait de l'homme le seul sujet de l'univers. En somme, où l'homme se situe à la place de Dieu. Je ne suis pas croyant, mais je pense que ce rôle divin que s'attribue parfois l'homme est absolument insensé.

Et une fois qu'on est dans ce principe anthropocentriste, la mission de l'homme, très clairement formulée par Descartes, c'est conquérir la nature et la dominer. Le monde de la nature est devenu un monde d'objets. Le véritable humanisme c'est au contraire celui qui va dire que je reconnais dans tout être vivant à la fois un être semblable et différent de moi.

> Lire aussi : Les écologistes en accord sur (presque) tout avec le pape François

Faites-vous vôtre cette invocation de François d'Assise, reprise par le pape, qui parle de frère Soleil, qui implique une forme de fraternité avec ce que les chrétiens appellent la Création ?

E. M. : Le pape a eu la chance de trouver dans le christianisme saint François d'Assise ! Car s'il n'avait pas été là, il aurait été bien maigre en référence…

Nous savons aujourd'hui que nous avons en nous des cellules qui se sont multipliées depuis les origines de la vie, qu'elles nous constituent comme tout être vivant… Si nous remontons à l'histoire de l'univers, nous portons ainsi en nous tout le cosmos, et d'une façon singulière.

Il y a une solidarité profonde avec la nature, même si bien entendu nous sommes différents, par la conscience, la culture… Mais tout en étant différents, nous sommes tous des enfants du Soleil. Le vrai problème, c'est non pas de nous réduire à l'état de nature, mais de ne pas nous séparer de l'état de nature.

Le Saint-Père est amené à trouver dans la Bible un certain nombre d'éléments qui justifie sa démarche. Mais je crois au contraire que la Bible raconte une création de l'homme totalement séparée de celle des animaux, et qu'elle a commencé à susciter cette pensée anthropocentriste, que le message de Paul a poursuivi, en séparant le destin post-mortem des ­humains des autres vivants. Cette conception sépare à mes yeux la civilisation judéo-chrétienne des autres grandes civilisations.

> Retrouvez notre dossier spécial sur l'encyclique

Mais justement, dans l'encyclique Laudato si', le pape donne une interprétation inverse de la Genèse…

E. M. : C'est vrai, on peut très bien faire des interprétations cosmogéniques de la Genèse, notamment parce que « Elohim » qui est le Dieu génésique, est un pluriel singulier : il est un et il est multiple. Alors on peut y voir une sorte de tourbillon créateur. C'est vrai aussi que, dans la Genèse, il est écrit qu'au commencement Elohim sépara le ciel de la Terre.

C'est là, aussi, une idée intéressante, car pour qu'il y ait un univers il faut une séparation, entre les temps (passé, présent et avenir) et l'espace (ici et là). Mais ma conception à moi, qui se situe dans l'héritage de ­Spinoza, repose sur la capacité créatrice de la nature. Je crois que la créativité ne part pas d'un créateur initial, mais d'un événement initial.

> (Re)voir : « Laudato si'», les enjeux d'une encyclique

Vous connaissez bien l'Amérique du Sud. Avez-vous le sentiment que la réflexion de François doit beaucoup à sa culture argentine ?

E. M. : Oui, tout à fait. Ce qui m'a toujours frappé, c'est de ressentir en Amérique latine, à titre divers, une vitalité, une capacité d'initiative que nous n'avons pas ici. Dans l'encyclique, par exemple, je retrouve ce sens de la pauvreté, si fort sur ce continent.

En Europe, nous avons complètement oublié les pauvres, nous les avons marginalisés. Mais dans l'encyclique, le concept de pauvreté est vivant, comme dans les manifestations de la Ligue des paysans sans terre ou du peuple, au Brésil.

Enfin, il est certain que l'Argentine, qui a elle-même connu tant d'épreuves, qui a été obligée d'abolir sa dette car elle était en faillite, est un pays où il y a une vitalité démocratique extraordinaire. Je ne dirais pas que c'est un miracle, mais il était nécessaire qu'un pape vienne de là-bas, avec cette expérience humaine.

C'est un pape imprégné par cette culture andine qui oppose au « bien-être » exclusivement matérialiste européen le « bien vivre » (le buen vivir) qui est épanouissement personnel et communautaire authentique. Le message pontifical appelle à un changement, à une nouvelle civilisation, et j'y suis très sensible. Ce message est peut-être l'acte 1 d'un appel pour une nouvelle civilisation.

> (Re)lire : Edgar Morin, en présence du « suprême Mystère »

Au-delà de cette encyclique, comment voyez-vous la contribution des religions à notre société ?

E. M. : Tous les efforts pour éradiquer les religions ont complètement échoué. Les religions sont des réalités anthropologiques. Le christianisme a connu une contradiction entre certains de ses développements historiques et son message initial, évangélique, qui est amour des humbles. Mais, après que l'Église a perdu son monopole politique, une partie d'elle-même a retrouvé sa source évangélique.

La dernière encyclique est un ressourcement évangélique intégral. Les chrétiens, quand ils sont animés par la source de leur foi, sont typiquement des personnes de bonne volonté, qui pensent au bien commun. La foi peut être un garde-fou contre la corruption de politiques ou des administrateurs. La foi peut donner du courage.

Si, aujourd'hui, dans une époque de virulence, les religions revenaient à leur message initial – en particulier l'islam, puisque Allah est le Clément et Miséricordieux – elles seraient capables de s'entendre. Aujourd'hui, pour sauver la planète qui est vraiment menacée, la contribution des religions n'est pas de trop. Cette encyclique en est une manifestation éclatante.

> Lire également : Barack Obama salue un message « clair et fort » dans l'encyclique

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Un sociologue de renommée internationale

Né en 1921, Edgar Morin est un sociologue et philosophe de renommée internationale, directeur de recherche émérite au CNRS, docteur honoris causa de vingt-sept universités à travers le monde. Résistant pendant la guerre, communiste, il prend dès 1948 ses distances avec le parti. De 1969 à 1970 il séjourne en Californie, aux États-Unis, où il est éveillé à la question écologique.

Avec Le Paradigme perdu : la nature humaine publié en 1973, il explique que l'homme n'est pas le maître de la nature, mais son partenaire et que c'est autant la nature qui en impose à l'homme que l'inverse. Son œuvre centrale, La Méthode fait de la notion jusqu'alors vague de « complexité » une réalité importante.

Au total, il est l'auteur d'une œuvre traduite en une trentaine de langues et publiée dans quarante-deux pays, comprenant près de quatre-vingts livres et une dizaine de films.



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الأربعاء، 17 يونيو 2015

« Défendre le droit au travail, droit à la dignité! »



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Date: 15 juin 2015 00:13:15 UTC

« Défendre le droit au travail, droit à la dignité! »

Nouvelle intervention du pape pour le droit au travail et la dignité du travailleur après l'angélus de ce dimanche.

Anita Bourdin

Rome, (ZENIT.org)

Le pape exprime son soutien à des travailleurs qui luttent pour leur travail, de façon solidaire.
Après l'angélus, le pape a en effet dit en italien: « Je suis proche de tous les travailleurs qui défendent de façon solidaire le droit au travail qui est un droit à la dignité! », s'est exclamé le pape.
C'est la deuxième fois cette semaine que le pape dit son soutien à la dignité des travailleurs.
Le pape François a rappelé une nouvelle fois le lien entre le travail et la dignité humaine dans un tweet publié jeudi 11 juin sur son compte ‏@Pontifex_fr : « Là où il n'y a pas de travail, il n'y a pas de dignité. »

Son voyage à Cagliari, en Sardaigne, dès le 22 septembre 2013, a été le premier grand rendez-vous du pape François avec le monde du travail et de l'entreprise. Il a appelé à « lutter pour le travail » et il s'est engagé à faire pour sa part tout ce qu'il pouvait, car le travail veut dire « dignité », veut dire « rapporter le pain à la maison », « savoir aimer ».

Il s'est fait l'avocat des travailleurs, des entrepreneurs qui se battent, dans la crise économique, pour un travail digne, et animés par le service du bien commun et l'espérance chrétienne.

Il a fustigé la recherche du profit et le travail précaire ou au noir. Il a dénoncé l'idolâtrie de l'argent qui laisse de côté les personnes âgées et les jeunes, et met au centre l'argent, qui « commande » et non pas l'homme, la femme, la famille: un système économique globalisé "sans éthique". Il a invité à lutter « avec astuce » et « ensemble » contre ce système. Il a invité à affronter ce qu'il appelle un "défi historique" avec solidarité et intelligence

La responsabilité de chacun, clef de l’encyclique sur l'environnement Le pape François livre la clef de son encyclique sur la protection de la création, en quelques phrases, à l'angélus. Anita Bourdin Rome, 14 juin 2015 (ZENIT.org) L’encyclique « Loué sois-tu ! » sur l’environnement vise à mettre chacun devant sa « responsabilité » face à la « dégradation » et à la « régénération » de l’environnement, explique le pape François. Le pape a livré la clef de son encyclique « Laudato sii » sur « le soin de la Création », après l’angélus de ce dimanche, 14 juin, place Saint-Pierre. Elle sera publiée jeudi prochain, 18 juin. « J’invite à accompagner cet événement avec une attention renouvelée aux situations de dégradation environnementale, mais aussi de récupération, dans vos territoires », a expliqué le pape. « Cette encyclique s’adresse à tous », a insisté le pape : « Prions pour que tous puissent recevoir son message et grandir dans la responsabilité vis-à-vis de la maison commune que Dieu a confiée à tous. » L'encyclique ceoendant ne se réduit pas à une "feuille de route" avec une liste de bonnes actions à accomplir ou de mauvaises action à éviter, c'est avant tout une grille pour un examen de conscience de façon à ce que chacun s'interroge et assume sa responsabillité aujourd'hui et pour demain en enclenchant des processus vertueux pour réparer les dommages passés. Ce n'est donc pas non plus une liste de "péchés" déjà accomplis contre l'environnement mais un document tourné vers un renouveau des comportements individuels et collectifs. De façon à ce qui est connu sur la protection de l'environnement ne reste pas une connaissance intellectuelle mais fasse partie d'une sensibilité nouvelle, comme viscérale, affective, et moteur des volontés. Le pape ne dit pas aux décideurs de la conférence de Paris les décisions qu'il devront prendre, mais il les interroge sur ce qu'ils auront dans le coeur au moment où ils les prendront.



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Date: 15 juin 2015 00:13
La responsabilité de chacun, clef de l'encyclique sur l'environnement

Le pape François livre la clef de son encyclique sur la protection de la création, en quelques phrases, à l'angélus.

Anita Bourdin

Rome, (ZENIT.org)

L'encyclique « Loué sois-tu ! » sur l'environnement vise à mettre chacun devant sa « responsabilité » face à la « dégradation » et à la « régénération » de l'environnement, explique le pape François.
Le pape a livré la clef de son encyclique « Laudato sii » sur « le soin de la Création », après l'angélus de ce dimanche, 14 juin, place Saint-Pierre. Elle sera publiée jeudi prochain, 18 juin.

« J'invite à accompagner cet événement avec une attention renouvelée aux situations de dégradation environnementale, mais aussi de récupération, dans vos territoires », a expliqué le pape.

« Cette encyclique s'adresse à tous », a insisté le pape : « Prions pour que tous puissent recevoir son message et grandir dans la responsabilité vis-à-vis de la maison commune que Dieu a confiée à tous. »

L'encyclique ceoendant ne se réduit pas à une "feuille de route" avec une liste de bonnes actions à accomplir ou de mauvaises action à éviter, c'est avant tout une grille pour un examen de conscience de façon à ce que chacun s'interroge et assume sa responsabillité aujourd'hui et pour demain en enclenchant des processus vertueux pour réparer les dommages passés.

Ce n'est donc pas non plus une liste de "péchés" déjà accomplis contre l'environnement mais un document tourné vers un renouveau des comportements individuels et collectifs. De façon à ce qui est connu sur la protection de l'environnement ne reste pas une connaissance intellectuelle mais fasse partie d'une sensibilité nouvelle, comme viscérale, affective, et moteur des volontés.

Le pape ne dit pas aux décideurs de la conférence de Paris les décisions qu'il devront prendre, mais il les interroge sur ce qu'ils auront dans le coeur au moment où ils les prendront.

الخميس، 4 يونيو 2015

Le pape et les médias : le début du désamour - Riposte-catholiqueRiposte-catholique

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Le pape et les médias : le début du désamour

Pope Francis

Le journaliste allemand Julius Müller-Meiningen, correspondant à Rome de Die Zeit, a signé un article sur les interrogations que finit par susciter dans les médias l'attitude du pape François, attitude que certains ont qualifié de « marche en crabe ». Après une période d'enthousiasme, ils s'interrogent : « Que veut-il au juste ? » Il nous a paru intéressant d'en publier la traduction intégrale réalisée par les soins d'Henri Courivaud.

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« Et à présent, lui aussi, il s'est fait prendre au piège »,

par Julius Müller-Meiningen, Christ und Welt, et Die Zeit, 30 avril 2015

Manger une pizza dans un petit restaurant, c'est qu'il disait souhaiter il y a peu. Et puis aussi, vagabonder dans les rues de Rome incognito. Et c'est vrai qu'au temps où il n'était encore que cardinal, Jorge Mario Bergoglio pouvait en effet flâner dans le centre de Rome   à l'occasion de ces visites au Vatican qu'il n'aimait guère. Lorsqu'il devait y séjourner, il habitait dans un foyer de prêtres situé via della Scrofa, une rue située à un jet de pierre de la piazza Navona. Il lui suffisait de faire quelques pas un peu plus loin pour se rendre à l'église « nationale », saint Louis des Français que les touristes et les amateurs d'art apprécient parce que trois tableaux du Caravage y sont exposés. Le cardinal de Buenos-Aires lui aussi, qui se tenait toujours dans la partie gauche en arrière de cette église sombre, à l'entrée de la chapelle dite de Contarelli où l'on a notamment accroché la célèbre peinture dite « la vocation de saint Mathieu ». Jésus y désigne distinctement le publicain Mathieu qui, comptant ses sous, manifeste son étonnement par cet appel de doigt, dirigé vers lui-même. « J'éprouve les mêmes sentiments », affirma le pape François à l'occasion d'une interview qu'il donna à la revue jésuite la Civiltà Cattolica ; il se dit concerné par l'attitude de Mathieu : « C'est bien moi, un pécheur, que le Seigneur regarde et considère ; Il se penche vers moi ».

À présent, cette citation a du succès parmi les prélats de haut rang, qui la ressortent d'ailleurs avec une certaine coquetterie pour en souligner l'insignifiance. Mais il se peut bien que dans le cas de François, ce tableau et l'interprétation qu'il en donne par cette citation soient une clef de lecture de sa pensée. La scène de l'appel [de saint Mathieu] fut cependant décrite dans une homélie de saint Bède-le-Vénérable de la manière suivante : c'est « miserando atque eligendo » : avec un regard de compassion et signifiant un choix que Jésus est venu le trouver. C'est en ces termes que s'exprime la devise que Jorge Bergoglio adopta en tant que pape et c'est en ces termes que Jorge Bergoglio entend caractériser durablement sa mission de miséricorde. Le regard doux et ciblé sur les pécheurs, voilà le programme du pape Bergoglio.

D'authentiques pécheurs sont très en vogue dans l'Église

Nombreux sont les messages du pape qui veulent donner à comprendre qu'après des décennies d'éloges prétentieuses en faveur de valeurs censées être non négociables, de vrais et d'authentiques pécheurs sont de nouveau en vogue. Les exclus, ce ne sont pas seulement les pauvres, mais aussi les athées, les divorcés qui se remarient et plus particulièrement les homosexuels. Ces derniers furent évoqués très vite en employant un ton nouveau : « Si quelqu'un est homosexuel, qu'il cherche le Seigneur et qu'il a une bonne volonté, qui suis-je, moi, pour le juger ? »; et c'est avec cette phrase ainsi prononcée que François éveilla les plus grands espoirs en juillet 2013, une phrase qui va anticiper sur les plus grandes déceptions.

Ces mots devinrent emblématiques des malentendus de ce pontificat parce que Bergoglio joue à l'intérieur du cadre magistériel catholique suivant lequel ce ne sont pas les personnes homosexuelles qui sont jugées mais les actes homosexuels. Mais là, il emploie un ton qui éveille des attentes et veut donner au pape un avantage incontrôlé pour le présenter comme une « icône » de tolérance et d'humanité. François apparaît immédiatement sous l'image d'un « pape pour tous » et c'est ainsi qu'il a encouragé tant d'espoirs surabondants en lui au lieu de les juguler.

Même ses détracteurs les plus farouches admettent que le pape, s'appuyant sur sa politique personnelle, aurait modifié de fait le paradigme de l'attitude du catholicisme à l'égard de l'homosexualité. C'est ce qu'affirme par exemple le journaliste italien très en vue sur les affaires vaticanes, Sandro Magister. Dans ces rubriques qui sont autant de bloc-notes électroniques très lus au Vatican, il mentionne un nombre sans précédent d' « ecclésiastiques homosexuels » qui, « au cours de ces deux dernières années ont été promus à des postes importants et qui sont en contact très étroits avec le pape ». Et cet observateur fait remarquer ironiquement qu'il faudrait fermement destituer les pécheurs qui sont au Vatican et ce, plus que jamais.

Bien que sur ce point les informations communiquées par d'autres personnes de l'intérieur ont été confirmées, on voit tout de suite d'où viennent ces assertions : le catholique Magister, qui écrit dans le périodique de gauche l'Espresso, une version italienne du Spiegel est un des détracteurs les plus véhéments de Bergoglio. On dira également que les homosexuels se trouvant à des postes de direction ne sont pas une nouveauté au sein de l'Église catholique.

Des homosexuels aux postes de direction

L'exemple le plus connu que Magister cite aussi, est celui de Monsignore Battista Ricca, directeur du foyer de prêtres dont Bergoglio fit la connaissance, via della Scrofa et qui ensuite dirigea la Maison Sainte-Marthe où demeure le pape actuellement et qui finalement, fut nommé par François en qualité de prélat de la Banque du Vatican, pour des motifs de sympathie personnelle. Mgr Ricca entretenait notamment une liaison avec un lieutenant suisse et fréquentait les bars homos lorsqu'il était nonce en Uruguay. C'est pourquoi, lorsque l'on interrogea François sur Mgr Ricca, sur le chemin du retour des journées mondiales de la jeunesse à Rio de Janeiro, François lança cette phrase programmatique : « Si quelqu'un est homosexuel, qu'il cherche le Seigneur et qu'il a une bonne volonté, qui suis-je, moi, pour le juger ? ».

« Cela donnait un nouveau ton » dit Gianni Gerachi qui est à la tête de la communauté homosexuelle chrétienne « Il Guado » (« le gué ») à Milan. Des associations homosexuelles ont salué ces mots du pape. Vladimir Luxuria, le transsexuel le plus connu d'Italie qui représenta le parti communiste pendant 4 ans au Parlement européen et qui se déclare catholique, croit déceler un air frais au Vatican et dit se rapprocher davantage de la foi catholique. Et cela vise bien François lorsque dans une interview donnée à la Civiltà Cattolica il décrit les homosexuels comme des personnes « blessées socialement »* et déclara que l'Église ne voulait pas exclure les homosexuels.

Que veut François, au juste ?

Il y a d'autres indices en la matière. Lors de sa visite à Naples il y a peu, le pape a rencontré dans la prison de Poggioreale des détenus transsexuels avant de faire la connaissance à Sainte-Marthe, à Rome, d'un transsexuel et de son amie. En février, ce furent deux groupes d'homosexuels catholiques qui furent reçus en audience générale par le pape. Il semblerait donc que des hommes que plusieurs membres du clergé traitaient naguère encore comme indésirables puissent faire entendre leur voix au Vatican.

Mais en même temps, François s'est rapproché très vite de la Tradition : de ses mots et gestes intarissables, François va sélectionner un morceau idéologique qu'il va affiner pour en faire, dans un contexte donné une sorte de filet savoureux. Il a été fait peu d'écho par exemple, de ses attaques continuelles contre « l'idéologie du genre » ou bien contre un phénomène tel que « la colonisation idéologique ». Déjà, lorsqu'il était archevêque de Buenos Aires, Bergoglio avait fustigé en termes incendiaires le mariage homosexuel comme « une tentative menée par le père du mensonge destiné à induire en erreur les enfants de Dieu et à les confondre ». Celui qui devint pape s'exprima distinctement en des termes aussi radicaux qu'aujourd'hui son détracteur le plus véhément, le cardinal Léon Burke.

Mais que veut François, au juste ? La question s'impose dorénavant parce que quelques participants du synode extraordinaire des évêques à l'automne passé se sont donné la mission de réfléchir à une attitude [nouvelle] de l'Église à l'égard de l'homosexualité. La timide tentative qui a en été faite et que le seul pape a rendue possible, celle d'instaurer une « culture d'accueil » des homosexuels a été cassée par tout un rang d'évêques conservateurs, peu de temps avant la clôture de cette assemblée.

Un test pour la crédibilité du pape

Les premiers concernés eux-mêmes se sentent déstabilisés et surtout eux. « Au début de son pontificat, François n'était pas empreint d'homophobie » constate Gianni Geraci. «  Et à présent, il s'est fait prendre au piège ». Geraci dit que cela lui rappelle les débuts du pontificat de Jean-Paul II, avec cette euphorie qui le caractérisait alors : « L'enthousiasme était au plus haut et puis il s'est estompé tout de suite ». Et puis Vladimir Luxuria qui s'est dit être revenu à la foi grâce à François s'est exprimé d'une voix triste : « Je ne le comprends pas. Il suit à présent la politique de la carotte et du bâton. Au départ, ce sont des mots d'ouverture et à présent, c'est une attaque contre l'idéologie du genre. François est dans une impasse. Je suis déçu ».

L'un des fardeaux en date est cette accumulation progressive d'espoirs déçus est l'affaire de la proposition de nommer M. Laurent Stéfanini comme ambassadeur de France auprès du Saint-Siège. Cette affaire met durement la crédibilité du pape François à l'épreuve. Depuis janvier, le gouvernement français attend que le proposé, âgé de 55 ans, reçoive l'agrément du Saint-Siège pour être accrédité.

Cette accréditation reste en suspens. M. Stéfanini est un catholique fervent et très introduit dans les meilleurs réseaux du Vatican et a « dans sa poche », plusieurs cardinaux français pour l'appuyer. Il fut déjà en fonction au Saint-Siège pendant quatre ans en tant que numéro deux de l'ambassade et il lui a été décerné, au titre de ces services, une décoration papale, celle de l'ordre de Saint-Grégoire. Cependant, ce dont sont sûrs les médias français et italiens, c'est ce problème de la sexualité de M. Stéfanini. Celui-ci l'a fait savoir au futur cardinal André Vingt-Trois en 1998 sans qu'il l'ait annoncé publiquement. Stéfanini est homosexuel.

Une épreuve à couteaux tirés avec une France laïque et sécularisée

Le Vatican, qui très vite a refusé l'accréditation du diplomate au motif de sa situation « irrégulière », tente d'obtenir le retrait de celle-ci. Seulement, le nonce à Paris, l'archevêque Mgr Luigi Ventura a entrepris cette démarche en vain. Il y a quelques jours, le pape a personnellement fait la connaissance du diplomate à Sainte-Marthe. Des fidèles et des familiers du pape ont dit que celui-ci n'a rien contre lui à titre personnel et même, que la rencontre aurait été empreinte d'une très grande cordialité et d'une très grande intensité spirituelle et se serait terminée par une prière en commun.

Il reste que le véritable motif de ce refus serait l'attitude du gouvernement français qui, en France, il y a tout juste deux ans, a institué « le mariage pour tous », donc le mariage pour les homosexuels. Des prélats affirment que M. Stéfanini s'est lui aussi prononcé officiellement en faveur du mariage homosexuel. Ce mélange des genres ("Mix") met le Vatican dans l'embarras. On ne voudrait pas donner l'impression, au travers de cette attitude qui consiste à l'agréer, de s'opposer à l'enseignement moral du catholicisme.

« Le pape ne souhaite pas être mis le dos du mur » a dit quelqu'un de l'intérieur. Du fait que le palais de l'Élysée appuie cette candidature et le considère comme « l'un des meilleurs diplomates en fonction et l'un des meilleurs pour prendre la charge de l'ambassade auprès du Vatican » et qu'en même temps, le Vatican ne cède pas, on se trouve dans une situation qui prend l'allure d'une épreuve à couteaux tirés entre demi-sels** Il se peut bien que l'homosexualité de M. Stéfanini, pour François, ne joue aucun rôle en fait, mais la crédibilité de François en a souffert.

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* Sozial, au sens d'exclusion sociale.

** Halbstarken, par référence à un film de Georg Dressler, tourné en 1956 et devenu très célèbre en Allemagne, pour parler de l'émergence des blousons noirs à Berlin. Ce film révéla entre autres l'acteur Horst Buchholz, qui prit modèle sur Marlon Brando dans L'équipée sauvage, mais en plus malfrat.



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